• Le canyon de Colca (Colca partie 1)

    Le canyon de Colca

     

     

                   3h30, le réveil sonne et semble comme une agression pour nos oreilles. Il faut se lever, un minibus vient nous chercher à 4h au pied de notre hôtel. Yann n’est pas très en forme ce matin, il n’a pratiquement pas fermé l’œil de la nuit et a un peu de fièvre. 4h50 : le mini-bus arrive enfin. Yann décide de ne pas se laisser abattre : nous partons pour plus de 6 heures de routes à travers les hautes montagnes péruviennes et passons un col à 4900m d’altitude. Pendant le trajet, l’état de santé de Yann ne s’améliore pas. Dans le doute d’un « soroche » (mal des montagnes) on lui propose de chiquer une dizaine de feuilles de coca pendant 20 minutes, puis de garder la pâte obtenue contre ses gencives une bonne heure.

     

     

     

                   Les feuilles de cette plante qui ne pousse que dans la zone amazonienne des Andes ont des propriétés médicinales contre le mal des montagnes, mais pas seulement. Elles sont également utilisées à des fins anesthésiantes chez le dentiste par exemple, il est donc normal si au bout d’un moment on ne sent plus sa langue ou ses gencives. Yann tente l’expérience : « c’est un peu comme mâcher du foin ! ». Pour le reste des effets thérapeutiques ce n’est pas très flagrant… l’indication et le dosage n’étaient peut-être pas les bons. Nous faisons une première halte à Chivay pour la pause petit-déjeuner. Là-bas je suis à mon tour initiée à la coca : une tasse de maté (infusion de feuilles de coca) m’attend à côté de mes tartines.

      

    La coca :

     

    Cette feuille joue un rôle important dans la tradition andine depuis plus de 5000 ans que ce soit à travers ses utilisations rituelles (elle était offerte aux enfants qui allés être sacrifiés, comme ce fut le cas de Juanita), religieuse (Mama coca est considérée comme la fille de Pachamama), ou encore comme monnaie pour le paiement de taxes d’imposition. Au Pérou, on la consomme quasi quotidiennement sous différentes formes : bonbons, maté, farine… Ces propriétés médicinales sont également très intéressantes : en plus de ces capacités anesthésiantes la coca est stimulante (elle agit sur le métabolisme des glucides en générant de l’énergie), a des propriétés nutritive et coupe-faim (elle contient beaucoup de calcium, bêtacarotène, phosphore, magnésium, vitamine E et B2, fer…). Ces vertus sont nombreuses, certaines tribus d’Amazonie l’utilisent pour entrer en communication avec leurs ancêtres ou lors de cérémonies chamanes. Lorsqu’on parle de coca, on pense aussi immédiatement au fameux soda américain à base de noix de kola et de feuilles de coca : le coca-cola. Un procédé chimique permet également d’extraire de la feuille de coca la cocaïne… La plante est donc interdite en France quelle que soit sa forme, pour ceux qui veulent rencontrer leurs ancêtres, il faudra donc vous déplacer jusqu’au Pérou !  


    Rencontre avec le condor : animal mythique du Pérou


    Le deuxième arrêt de la matinée nous dépose à Cruz del Condor, un mirador à l’entrée du canyon de Colca pour observer le fameux animal symbole national du Pérou. Cet énorme oiseau d’environ 3 mètres d’envergure est assez impressionnant. C’est le deuxième oiseau le plus grand au monde, juste derrière l’albatros. En fait il ne vole pas, mais plane majestueusement au-dessus du canyon sans jamais battre des ailes. L’ombre qu’il laisse au sol à quelque chose d’inquiétant, mais nous n’avons rien à craindre, le condor se nourrit essentiellement de carcasse de vigogne, lamas, alpagas, moutons… L’animal serait une espèce menacée : d’une part par la consommation de carcasses empoisonnées, mais aussi par la perte de son habitat et la chasse. En effet, l’oiseau préfère les endroits calmes et éloignés de toute présence humaine : les parois montagneuses escarpées constituent ainsi son repère. Le va et vient de touristes à cet endroit a ainsi réduit les chances de l’apercevoir. Il y a quelques années, on pouvait en apercevoir une soixantaine, aujourd’hui, ils ne montrent pas toujours le bout de leur bec crochu. Ce matin, nous avons la chance d’apercevoir de jeunes condors au plumage marron mais également des adultes au plumage noir et blanc.

     c'est la condor   condor

     

     La chasse au condor est une tradition dans la cordillère des Andes : elle consiste à attraper un condor vivant ! La technique est originale : on amène une vache, un âne ou un cheval en altitude, et on l'abat dans un creux topographique assez profond et pentu. Après plusieurs jours de guet, le condor est attiré par la carcasse. Il se pose au fond du creux et entame son repas. Les chasseurs le laissent se gaver afin que l’oiseau soit plus lourd, puis sortent de leur position de guet en criant et courant vers lui. Quand les chasseurs sont assez proches, ils jettent un filet sur le condor et l'emportent comme trophée. Cette technique exploite le fait que le condor utilise un vol plané plutôt qu'un vol battu. Lorsqu'il est au fond du creux, il doit faire des efforts énormes pour réussir à décoller et monter plus fort que la pente qui l'entoure. Il est obligé de se poser plusieurs fois, ce qui laisse aux chasseurs du temps pour approcher.


    Le condor des Andes était un oiseau mythique et vénéré pour les peuples Incas et même pré-Incas comme en témoigne le géoglyphe représentant un condor réalisé dans le désert par les Nazcas. Dans les Andes centrales, le temple du Condor situé dans l'ancienne cité inca du Machu Picchu a la forme d’un condor en plein vol aux ailes déployées. Un rocher sculpté en forme de tête de condor avec sa collerette de plumes de son cou se trouve à l'étage du temple Les historiens pensent que la tête du condor a été utilisée comme un autel sacrificiel : des traces de sang d’alpaca y ont été trouvées[]. Le plan entier de la cité Machu Picchu aurait la forme d’un condor, les Incas, en effet, donnaient à leurs cités la forme de leurs animaux sacrés.


    Chaque année au moment de la fête nationale du Pérou marquant l’indépendance du pays, se déroule la fête du Yawar dans la région d'Apurímac (province de Cotabambas). Un condor, symbole des Indiens andins et oiseau-roi de la cordillère des Andes, livre un combat contre un taureau qui symbolise quant à lui l'espagnol et le conquistador. Dans une arène, un condor est attaché au dos d'un taureau qui va être excité par les ponchos des espontaneados. Le grand oiseau tente de se libérer en donnant au taureau des violents coups de bec. Dans la plupart du temps le taureau sera vaincu et la victoire du condor qu'on libère, donnera l'occasion de poursuivre les festivités. Ce combat qui se transforme en un véritable rituel représente la revanche des Indiens sur les conquistadores. Or si le condor est gravement blessé et meurt comme cela peut arriver, la croyance locale veut que le malheur va s'abatte sur le village.


    Nous restons à observer le bal de ces oiseaux 45 minutes puis reprenons notre route pour arriver à Cabanaconde, point départ du trek où nous attend « Fidel » notre guide pour les 3 jours à venir.

      Le premier jour de ce trek il nous faudra descendre à l’intérieur du canyon en suivant une piste étroite rocailleuse et poussiéreuse à flan de canyon. Nous ne sommes pas en son point le plus profond, mais nous descendrons tout de même plus de 1200 mètres de dénivelé pour atteindre la rivière Colca qui serpente tout au fond. Il semblerait que tous les membres du groupe n’étaient pas préparés à une telle difficulté, et déjà à mi-parcours, les genoux grincent. Le soleil tape très fort et rajoute un peu de difficulté à nos corps en surchauffe. Même les cactus sont à moitié grillés, c’est pour dire !

                                  Le canyon de Colca    Le canyon de Colca

    Yann à l’affut de son repas se sent pousser des ailes, il avance tête baissée sans se soucier de son mal de tête, ventre… De dérapage contrôlé en dérapage contrôlé, nous arrivons finalement vers 14h au pont qui nous permet de rejoindre l’autre rive du Canyon.

    Le canyon de Colca

     

    Il ne reste plus qu’un kilomètre pour atteindre le petit village de San Juan de Chuccho où nous attend notre ravitaillement. Une fois le pont franchis, le paysage a déjà bien changé et la vie a repris le dessus. Quelques habitations se dégagent çà et là de jardins verdoyants où poussent fleurs, cactus, avocats, pomme de terre…Des canaux conduisent l’eau d’une maison à l’autre permettant d’abreuver plantes et animaux. Nous voilà enfin dans nos quartiers : les murs vieillissant de nos lodges et la cuisine rustique au feu de bois donnent un charme fou à San Juan de Chuccho. Pas de route, le ravitaillement du village se fait à dos d’âne. Le rythme de vie se fait ici au ralenti. On est bien loin des tumultes de la ville de Lima : cette étape du voyage contraste bien avec notre expérience dans la capitale!

    cuisine de san juan de chuccho   Ronaldo au village de san juan de chuccho   Le canyon de Colca

    Cette petite pause dans le village nous permettra de souder un peu plus le groupe et de découvrir les personnalités de chacun.

    la dream team du canyon de Colca

    Il y a des gens d’un peu partout : les deux amies de longue date Marie et Clothilde de France, Léo (mi québécois mi- sénégalais) et sa maman Virginie (belge à l’accent québécois), Ronaldo le brésilien chauvin et la discrète Luciana du Brésil puis 3 américains.


    Il a fallu du courage à tout le monde pour dévaler ses pentes escarpées : Léo s’était fait une blessure de « niaiseux » au genou juste en sortant du bus, Virginie nous a fait un petit malaise en ayant trop abusé du cocktail effort-chaleur-hypoglycémie, Ronaldo a boité toute la descente, et « il ne restait plus grand-chose de Luciana » à la fin du parcours tant elle n’était pas habituée à ce genre d’effort. Nous passons un agréable moment dans ce village avec nos compagnons de randonnée. L’après-midi se résumera ainsi : repas, douche, sieste, balade dans le village. Seul un événement a bouleversé la quiétude et la sérénité de ce petit bourg : une avalanche !

    avalanche à san juan de chuccho

    Alors que nous étions en train de papoter, nous entendons une détonation qui raisonne dans le canyon. Un panache de fumée se dégage de la paroi et s’en suit une dégringolade de pierre. Nous apprendrons plus tard que l’avalanche avait était déclenchée pour sécuriser le sentier (c’est bien d’être au courant… on espère que d’autres randonneurs n’étaient pas dans le couloir d’éboulis). Les chutes de pierres ne sont pas rares dans le canyon, et l’an dernier un tremblement de terre avait créé tellement d’éboulis que des promeneurs avaient dû rester plusieurs jours dans le village en attendant que le chemin soit accessible et sécurisé. La journée a été longue pour tout le monde, dès 21h c’est silence radio dans le canyon tout le monde est parti se coucher.

     

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