• Les mystérieuses lignes de Nazca

    Edgardo notre hôte de Nazca

     

     

                    A peine arrivés chez Edgardo, l’ambiance est totalement différente : on se sent en confiance et en sécurité. Cet homme d’une cinquantaine d’année à l’œil qui pétille et au sourire bienveillant nous met de suite à l’aise. En ce moment, il reçoit d’autres couchsurfeurs : Mathias d’argentine, Marianne du Québec et William de Belgique. Les quelques jours dans cette colocation internationale sont un vrai plaisir. Chaque soir, l’un d’entre nous cuisine un plat de son pays et le partage avec les autres convives. Les anecdotes de voyages de chacun agrémentent le repas. Mathias nous a également appris à fabriquer un réchaud pour cuisiner à partir d’une canette une technique qu’il avait lui-même appris d’un français en balade!

     

     

     

    repas avec Mathias, Marianne et Edgardo

                    Le premier soir, Edgardo nous invite à le suivre à son travail : il fait des présentations des lignes de Nazca et une découverte astronomique du ciel de l’hémisphère sud au planétarium de la ville. Grâce à lui, j’observe pour la première fois de ma vie une planète : saturne, son anneau et son satellite à l’aide d’un télescope. Nous identifions avec son aide quelques étoiles et constellations de l’hémisphère sud. Lorsque vient le moment de son exposé sur les lignes, nous buvons chacune de ses paroles, essayant de ne pas en rater une seule miette. Nous voilà maintenant imprégné du mystère qui accompagne les étranges géoglyphes de Nazca. Il ne nous tarde plus qu’une chose maintenant: voir ces dessins de nos propres yeux !

    un petit tour au planétarium

     

    Un jour, nous nous rendons donc à l’aéroport de Nazca pour réserver un vol qui nous permettra d’observer les fameux géoglyphes. On peut aussi voir quelques-uns des dessins depuis un mirador, ou encore en faisant une randonnée menant au sommet d’une colline. On a entendu que des gens s’étaient fait dépouillés lors de cette balade, on ne prend pas ce risque… direction l’aéroport. Pour faire notre choix, nous nous en sommes remis aux bons conseils d’Edgardo : nous volerons avec air majoro, l’une des seules compagnies passant systématiquement au-dessus des aqueducs en plus des lignes et 20 figures habituelles. Toutes les agences de voyage seront servies en priorité, nous prendrons donc le dernier avion de la matinée, à 14h du matin (et oui, les heures péruviennes sont souvent plus longues !). En attendant notre tour, nous partons observer le décollage et l’atterrissage des avions des différentes compagnies aériennes. Nous avons entendu pas mal d’histoire concernant des accidents de vol ou de crash sur les lignes de Nazca. Depuis qu’un crash avait entrainé la mort de 5 français en 2008 stoppant le tourisme dans la ville pendant des mois, des mesures de sécurités ont été rajoutés (double pilote, avions récents et contrôlés, interdiction de voler en surchargeant l’appareil…). Pour nous rassurer, nous observons donc attentivement les carlingues. Tout semble au point : le décollage et l’atterrissage semblent assez doux. Par contre les flammes en dessous de l’hélice au démarrage c’est normal ? Piouf, il ne s’agit pas de notre compagnie de vol !  Vient enfin notre tour d’embarquer… le vent s’est levé, on est prévenus, ça va secouer. Notre engin passe au-dessus d’une bonne vingtaine de figures effectuant à chaque tour un virage à gauche puis un à droite afin que tous les passagers puissent observer les figures. Tournicoti-tournicoton, il faut avoir l’estomac sacrément accroché ! Les figures sont bien visibles de là-haut, et nous illustrent parfaitement les propos d’Edgardo.

    Nazca ne serait qu’un désert de poussière sans grand intérêt si la civilisation Nazca n’y avait pas choisi de réaliser les mystérieuses lignes qui font aujourd’hui la fierté de la ville. Les Nazca, pour réaliser ces figures, avaient déplacés des milliers de pierres oxydées et noircies par le soleil, faisant ainsi apparaitre un sol poussiéreux plus jaunâtre dessinant les fameuses lignes. Il semblerait que le lieu choisi par ces hommes pour la réalisation des géoglyphes n’était pas un hasard. Il s’agit d’un énorme plateau désertique et aride très peu exposé à l’érosion : les montagnes environnantes bloquent en effet le vent et les précipitations (l’an dernier il n’a plu que 30 minutes !). De fait, les géoglyphes ont pu « survivre » au temps qui passe jusqu’à nous, sans pour autant en livrer tout leur mystère. Leur subsistance a en effet était ébranlée à plusieurs reprises : à commencer par la construction de l’aéroport, puis d’une autoroute en plein milieu avant que les lignes ne soient découvertes par les premiers vols commerciaux en 1920. Puis, quelques dizaines d’années plus tard, certaines ont eu du mal à résister au piétinement de nombreuses personnes lors d’une manifestation de green-peace…

    autoroute pan americana traversant les lignes de Nazca

     

    Il y aurait plus de 10 000 lignes réalisées entre -300 et 650 ap JC : allant de la simple ligne droite, à des formes géométriques (trapèzes, triangles) ou des plantes et animaux de notre planète. Le plus incroyable dans tout ça c’est qu’on ne sait pas trop comment ses figures ont été réalisées ni quel est leur but. Certaines théories disent que les Nazcas avaient utilisé des cordes et des piquets en bois pour tracer des courbes, des arcs de cercle… et réaliser avec perfection et précision ces lignes. Leur continuité n’est même pas dissolue lorsqu’elles traversent des collines. En raison de leur taille gigantesque approchant parfois les 300m de long, ces figures ne sont visibles que du ciel. Pourtant, on n’a aucune preuve confirmant l’utilisation de moyens permettant de survoler la zone (avion, montgolfière…) à cette époque. Des poteries de la civilisation Nazca ont été trouvées sur place, et sont illustrées des mêmes figures que celles présentent dans le désert. Une chose est certaine : si les Nazca n’ont pas réalisées ces figures, ils ont au moins été capable de les voir du ciel pour les reproduire. Ca nous rappelle un peu les mystères de la construction des pyramides en Egypte : personne ne sait vraiment comment elles ont été bâties, avec quels outils, et de nos jours, avec les moyens techniques « modernes » dont nous disposons, nous serions sans doute incapable de reproduire un tel chef d’œuvre.

     

    Mais pour quelle raison ces lignes ont-elles été construites ? A cette question, différentes théories :

                   La première laisserait penser que ces lignes permettaient d’indiquer les sources d’eau. En effet, les Nazca vivaient dans une zone désertique très aride et l’eau était indispensable à leur survie. Ces lignes auraient donc pu être une carte géante répertoriant les chemins conduisant les gens vers les rivières et sources d’eau. Cette denrée se raréfiant de plus en plus, ils auraient alors réalisés des cérémonies religieuses pour demander aux dieux un peu de pluie. Certaines preuves semblent appuyer cette théorie : la présence d’autels sacrés sur les lignes de Nazca (les petites boules en vue aérienne), des coquillages retrouvés lors des fouilles ainsi que des jarres brisées sensées contenir de l’eau en offrande comme en témoignent les morceaux de poteries retrouvées sur les lignes elles-mêmes. Des sacrifices humains auraient été réalisés, comme en témoignent les nombreux crânes enterrés dans la zone. L’eau était ainsi au cœur des préoccupations quotidiennes des habitants, et déjà le génie de ces hommes se retrouvait dans les techniques qu’ils développèrent pour irriguer leurs champs dans cette zone désertique. Des systèmes hydrauliques et des aqueducs furent créés pour récupérer l’eau du sous-sol et la redistribuer. La sécheresse devenant de plus en plus présente, des conflits apparurent pour la possession des puis d’abord au sein de Nazca, puis avec leurs voisins entrainant la chute de la civilisation Nazcas. Ce contrôle de l’eau est toujours à l’ordre du jour : les habitants de Nazca n’ont accès qu’à environ une heure d’eau par jour, à moins qu’ils n’aient réalisés de couteux travaux chez eux pour puiser l’eau directement dans la nappe phréatique comme l’a fait Edgardo.  On prend alors de nouveau conscience que c’est une chance d’ouvrir un robinet et de voir de l’eau en sortir !

    condor (en bas à droite du rectangle) et autel sacré

                  La deuxième théorie est celle de Marie Reiche une mathématicienne et archéologue allemande qui a dédiée sa vie entière à l’étude et la conservation de ces lignes. Pendant plus de 50 ans de sa vie, elle aura foulé ces lignes, pris des mesures, fait des croquis du site pour en percer le mystère.  Selon son équipe, il s’agirait d’un calendrier astronomique géant, permettant de prédire l’arrivée des pluies, de calculer le moment des plantations et le temps de la récolte. En effet, elle remarque que la plupart des lignes sont alignées avec des étoiles ou des phénomènes particuliers : ainsi l’araignée représenterait la constellation d’orion, le singe la grande ourse et le bec du colibri serait exactement aligné avec le levé de soleil lors du solstice d’été … Ce calendrier serait donc le lien entre la terre et le ciel, un exemple d’un temps où les hommes construisaient sur terre des édifices, des œuvres en fonction des astres. D’autres exemples de construction selon les étoiles et le soleil sont rencontrés dans différentes civilisations anciennes en Egypte, chez les Mayas… La civilisation des nazca semblait donc avoir bien plus de connaissance sur l’étude du ciel que nous n’en avions à la même époque en Europe. L’obscurantisme religieux avait chez nous retardé le développement de ces connaissances, rappelez-vous en 1543 Nicolas Copernic avait été condamné à mort par l’Eglise pour avoir dit que la terre n’était pas plate et qu’elle tournait autour du Soleil. La colonisation du continent Sud-Américain par l’Espagne et le Portugal n’a certainement pas fait du bien à toutes ces connaissances, disparaissant avec les peuples qui les avaient découvertes.

    colibri   l'astraunote

    le perroquet   le singe

     

    L’araignée est l’illustration de ces supers connaissances : elle est la réplique d’une espèce d’arachnoïde présente uniquement au Pérou. Sur sa patte arrière droite, est représenté son appendice sexuel, un organe tellement petit qu’il n’est visible qu’au microscope (inventé au 20ème siècle). On peut alors se demander comment les Nazcas avaient-ils pu connaitre l’existence de cette particularité anatomique ? C’est fou quand même !

    l'araignée

     

    L’énigme des lignes de Nazca n’est pas encore prête d’être résolue, et va sans doute en faire rêver plus d’un…

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  • Commentaires

    1
    Jacques
    Mercredi 22 Juillet 2015 à 11:40

    Fabuleux ! Merci Yann , bon vent !

    2
    Vendredi 24 Juillet 2015 à 20:24

    Salut Jacques, comment vas-tu ? Comme tu vois, pour nous ça roule plutôt bien. Demain départ en Bolivie.

    3
    Jacques
    Samedi 25 Juillet 2015 à 01:47

    Bien , je suis comme toi , j'ai vieilli d'un an ! Continuez à rouler , c'est super ! Bises .

    4
    Samedi 25 Juillet 2015 à 03:32

    Ici ils ont fait pêter un feu d'artifice pour toi ;) Joyeux anniversaire avec quelques jours de retard et au plaisir de te revoir à notre retour.

    5
    jacques
    Dimanche 26 Juillet 2015 à 12:46

    ;-) Merci ! Et bravo encore , au plaisir de vous revoir (


    vous qui aurez tant de boulot , avec un récit de 1000 pages à écrire ! )

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