Du 9 au 11 Décembre : Xi’an

Chris, notre hôte à Xi’an, parle un anglais parfait avec un accent américain ! Il a vécu en Angleterre quelques temps, et depuis ne rêve que d’une chose : avoir un visa pour y retourner. Il a un regard critique sur la Chine et les chinois, on peut même dire qu’il ne les comprend pas vraiment. Il écoute les radios étrangères, regarde les informations internationales, et ne supporte plus la rétention d’informations réalisées par le gouvernement chinois. Un bon exemple, le journal le monde à récemment critiqué la Chine, du coup depuis quelques jours on ne peut plus l’acheter dans l’empire du milieu ! C’était très intéressant de discuter avec lui de la situation politique en chine et des relations avec Taiwan ou le Tibet. Bizarrement ce n’était pas tout à fait la même version de l’histoire que nous avions eu avec Christina, mais ça ressemblait plus à ce qu’on peut entendre en Europe… Il semblerait que le lavage de cerveau ne fonctionne pas avec tout le monde. Il a bien compris qu’en quittant la Chine il trouverait bien plus de liberté. C’est un chinois pas comme les autres : un chinois débridé !

Un pays civilisé ou presque…

Le bruit, le monde, le manque de politesse et d’hygiène sont d’autres raisons pour lesquelles Chris veut retourner en Europe. Pendant notre séjour avec lui, il nous répètera à plusieurs reprises avec un regard condescendant « no street food !», allant jusqu’à nous cacher les yeux lorsque l’on regardait avec un peu trop d’insistance un stand de délicieuses pâtisseries dans la rue... Il lave tous ses légumes avec un savon spécial, utilise un antiseptique pour le linge… heureusement qu’il n’est pas allée en Inde ! Il ne comprend pas pourquoi les chinois demandent aux touristes de poser pour une photo, nous non plus d’ailleurs ! Ni pourquoi les gens ne s’excusent pas quand ils te bousculent ou te piétinent allègrement le pied dans le métro. D’ailleurs parlons-en : on dirait que la Chine est un pays civilisé, mais ce n’est qu’une apparence. Ils font la queue pour prendre le bus, mais lorsqu’il arrive, ça ressemble plus à une mêlée au rugby où chacun joue de l’épaule pour entrer en premier dans le bus, sachant que les autres passagers n’en sont pas encore sortis ! Les passages cloutés…ce n’est pas mieux. Ils ont des feux piétons comme en France, quand c’est rouge on ne traverse pas, et quand c’est vert on peut mais les voitures aussi et elles préfèreraient t’écraser plutôt que de changer de trajectoire ou pire de te laisser passer ! Du coup ça ressemble un peu à l’Inde, mais la différence est que là-bas on se prépare à traverser la rue. Une drôle d’histoire nous a été racontée par un couchsurfeur hongrois : un jour il a vu une vieille dame traverser la rue. Lorsque la première voiture est arrivée, elle s’est couchée sur le sol, feintant d’avoir été touchée par le véhicule (c’est un moyen très commun là-bas pour soutirer de l’argent aux conducteurs en demandant une indemnisation pour les soins de santé consécutifs à l’accident, parce que si la police devait intervenir se serait bien plus cher). A ce moment-là, la conductrice ayant bien compris à quel jeu jouait la vieille dame, elle sorti du véhicule et alla s’allonger à côté d’elle sur le bitume! Ironie du sort, la chute de cette histoire finit à même le sol !

Xi’an est le point de départ de la route de la soie. Son quartier musulman très pittoresque, peuplé du peuple hui (une ethnie musulmane chinoise), est l’héritage des caravaniers qui la transportaient vers l’occident. Ce quartier est également réputé pour ses Xiaochi : des petites bouchées dont les chinois sont friands. Ici pas de chupa chups : ce sont des calamars, des poissons, des saucisses qui sont plantées sur des bâtonnets! Un goûter bien protéiné comme les chinois en raffolent, il y en a pour tous les goûts! Les stands se suivent mais ne ressemblent pas : Yann a envie de tout essayer… gâteau de farine de riz et confiture à la rose, brochette de mouton, brochette de calamar, fruits secs, œuf de cent an, thé (on est en chine quand même !)…

Le quartier contient même plusieurs mosquées en forme de pagode mais avec un croissant de lune sur le toit ! Yann voulait aussi manger celui-là, mais ils l’ont mis trop haut… vraiment pas pratique !!!

 Nous visitons également le musée d’histoire. Un objet étrange attire notre attention… N’en déplaise à nos amis rôlistes qui se reconnaîtront, ceci n’est pas un dès 20 faces pour D&D3.5 mais le tampon d’un célèbre ministre de la dynastie Dugu Xin qui cumulait un nombre impressionnant de fonctions au sein du gouvernement et avait donc besoin d’une estampe faisant référence à chacune d’entre elles. Ce dernier contient 18 faces carrées et 8 faces triangulaires. La classe quoi !!!

La ville est entourée de vieux remparts rénovés qui valent un coup d’œil de nuit comme de jour.  Nous baladant autour, nous faisons une pause avec ce groupe de musiciens, mais la musique étant un petit peu trop forte, la police ne tarde pas à rappliquer. Vite fuyons !!! Nous reprenons notre balade un peu plus loin.

Si cette ville est aussi connue en Chine, c’est d’abord pour sa proximité avec un des plus grands sites touristiques au monde : la célèbre armée des soldats de terre cuite. Après une heure de bus nous arrivons devant l’entrée de ce lieu fascinant.

Le premier empereur de Chine Quin Shihuang (231 av JC) souhaite pour tombeau quelque chose à l’image de sa grandeur : il décide ainsi qu’il passera l’éternité au milieu d’une armée reflétant sa puissance. Tout autour du tumulus funéraire sont alors creusées des tranchées dans lesquelles on dispose plusieurs milliers de soldats en ordre de bataille : c’est la fameuse armée des soldats de terre cuite gardienne du royaume souterrain de l’empereur. Détails plutôt surprenant : cette armée imposante d’hommes armés, de cavaliers accompagnés de leurs montures, d’archers… a été reproduite à taille réelle. Aucun de ces soldats n’aurait la même posture, ni le même visage, ni les mêmes expressions, ni la même couleur de peau rendant chaque pièce unique. Selon les écrits chinois il y aurait 8 catégories de physionomies (guo, yong, feng, mu, tian, you, shen, jia), que l’on retrouve au travers de ces sculptures on ne peut plus réalistes. On parle ainsi « de milliers de soldats, aux milliers de visages » ! Malheureusement, depuis qu’elle a été déterrée, elle est davantage exposée aux méfaits du temps. La lumière et l’humidité dans l’air, attaque de jour en jour les restes de couleur présents sur ces soldats, tandis que les moisissures accélèrent leur vieillissement. Selon certains experts, cette fameuse armée devrait être réduite en poussière d’ici quelques décennies, le meilleur moyen de la protéger serait… de la laisser ré enterrer !   

Non loin de là, le tombeau de l’empereur Qin Shi Huangdi mérite que l’on s’arrête un instant sur son histoire mystérieuse. En fait il n’y a rien à voir et rien à visiter puisqu’il n’a jamais été ouvert. Et  pour cause !!! En réalité, de vieux écrits décrivent un palais souterrain de 120x 160m possédant en guise de toit une voûte céleste scintillant d’étoiles faites de perles et pierres précieuses. Le tout serait enterré à 30m de profondeur. Le hic, c’est que les écrits mentionnent aussi un système extrêmement complexe d’arbalètes automatiques prêtent à accueillir quiconque souhaiterait profaner le lieu, ainsi qu’une rivière de mercure (dans laquelle baignerait le corps) destinée à empoisonner les potentiels intrus. Mythe ou réalité, personne ne sait réellement, mais les dernières mesures scientifiques on révélées en surface un taux de mercure 100 fois supérieur à la moyenne. Dans le doute les autorités chinoises ont préférées laisser reposer en paix l’ingénieux souverain.