préparation d'un tour du monde, suivi du voyage de Perrine et Yann
Joëlle nous fera ainsi découvrir ce côté mondain de la ville de Buenos Aires, environnement dans lequel elle semble plus à l'aise que nous. A chaque porte qu’elle pousse, je me demande si on va me laisser entrer avec mon pantalon de randonnée et mes baskets, j’ai peur de salir la moquette des halls d’hôtel … Sol en marbre, boiseries vernies, poignées en cuivre… tout brille, luis sous la lumière des plafonniers en cristal. C’est un plaisir pour les yeux, mais je me demande pourquoi tant de froufrou et tralala ... C’est sûr ce voyage nous a fait pas mal réfléchir sur la valeur des choses, et sur ce qui est réellement important en fin de compte. Ce monde qui s’ouvre devant nous n’est clairement pas le mien : le fossé est trop grand. Comme incompréhension rime avec dérision, avec David, nous nous amusons à chercher le tarif des cafés des grands établissements… bof finalement ce n’est pas plus hors de prix que les champs Elysées à Paris !
Aujourd’hui, il fait un temps pourri : ciel gris, nuages bas et chargés de pluie, brouillard froid… la ville a pris des airs londoniens. Finalement, ça nous met dans l’ambiance pour visiter le cimetière de la recoleta … d’autant plus que dans 2 jours c’est halloween !
Ce n’est pas vraiment dans notre habitude de visiter ce genre d’endroit, mais pour une fois j’avoue que ça valait le détour. On se croirait dans un petit village ou chaque grande famille de Buenos Aires a construit sa dernière demeure. Les caveaux familiaux sont des œuvres d’art, de sculpture, d’architecture, combinant luxe et solennité, les uns plus imposants que les autres. Il y aurait en tout 4870 tombeaux engagés dans cette compétition du m’as-tu vu, pour que la richesse et la prospérité continue même dans l’au-delà. Alors on se promène, dans les ruelles de ce cimetière, à la découverte des noms venus de toute l’Europe : italiens, espagnols, français…
On pourrait presque se perdre dans ce dédale d’allées fleuries et de marbre… le temps de prendre une photo voilà que je me fais distancer. Euh, attendez moi, vous n’allez pas me laissez ici pas hein ? On se surprend à laisser trainer nos regards indiscrets au travers des grilles soigneusement recouvertes de dentelle par nos amies à huit pattes. Comme pour les maisons, certaines ont des fenêtres avec des rideaux, au moins pas de courant d’air… il s’agit de ne pas s’y enrhumer peut être! De lourdes portes laissent parfois paraître un symbole religieux, ou encore un cercueil.
Heureusement qu’il ne faisait pas nuit, et que le tonnerre ne grondait pas… sinon j’aurai pris mes ambes à mon cou… Dans cette ambiance ça ne m’aurait même pas étonnée de voir sortir d’un des caveaux un mort-vivant, de réveiller Dracula endormi dans son cercueil, ou de croiser la faucheuse dans une allée… Brrr j’en ai presque des frissons… Partons se mettre au chaud dans un restaurant !
La visite du quartier s’achève après une brève visite dans un musée d’art contemporain. Il est déjà temps de raccompagner David et Simon chez Joëlle pour récupérer leurs valises. Le taxi n’est plus très loin, snif, notre tour viendra demain…
San Telmo :
En attendant notre tour, nous avons rendez-vous avec un couple d’argentin que nous avions rencontré tout au sud de la Patagonie du sud, à El Chalten : Lucia et German ! Notre dernière soirée en Argentine s’annonce bien sympathique accompagnée de nos deux compagnons de randonnée.
Ils viennent nous chercher jusqu’à devant notre porte, et nous embarquent pour une visite by night de leur ville. Nous irons ensuite nous réfugier dans le quartier de San Telmo: le repère des brocanteurs et antiquaires. Nous y sommes passés un peu plus tôt avec Joëlle pour apprécier l’effervescence du quartier, de ces marchés aux puces et de ses salons de danse. Afficher des vieilleries en vitrine des boutiques est devenu super tendance ici. Du coté des salons de danse, c’est le tango qui est à l’affiche. On jette un coup d’œil discret à l’intérieur : un vieux gramophone fait office d’orchestre, tandis que des gens s’affairent dans leur plus beaux costumes et robes de bal à échanger quelques pas. D’autres personnes admirent le spectacle et flânent tranquillement assis autour d’une tasse de thé. C’est marrant on se croirait presque à une autre époque.
Ce soir, ni tango, ni brocante, German et Lucia nous font le plaisir de nous présenter une autre attraction populaire du quartier : Mafalda. La célèbre héroïne de bande dessinée argentine nous attend sur un banc entourée de ses amis. Cette petite fille brune de caractère ne nous est pas inconnue, elle a illustré nos cours d’espagnol du lycée ! Derrière un humour extrêmement subtil, elle développe une vision du monde critique à l'égard de la mondialisation, et des choix politiques. Elle ambitionne de devenir haut fonctionnaire international pour changer le monde qu'elle juge malade. Sous ses traits innocents et son nœud nœud dans les cheveux, sa maturité et son pessimisme politique en étonnent plus d'un, et dépassent totalement ses amis et ses parents. Nous profitons d’un instant pour immortaliser cette rencontre avec une photo, puis partons fêter nos retrouvailles dans un restaurant du coin.
C’est toujours amusant de revoir les gens qu’on a apprécié à des centaines voire des milliers de kilomètres du lieu de notre rencontre. Après un bon repas bien copieux, et de longues discussions pour prévoir nos retrouvailles outre-Atlantique, nous décidons d’aller prendre une glace chez un des artisans du coin. Pas de bol, le marchand de glace est en train de fermer, et nous ignore, caché derrière sa vitrine. Bien décidés à ne pas terminer notre soirée sur une note négative, nous partons donc un peu plus loin en quête d’un vendeur concurrent. Même topo, ils sont en train de tout ranger. Bien motivée par un dessert, me voilà en train de faire le singe derrière la vitrine : les yeux pleins de gourmandise, je me frotte le ventre en regardant ses glaces appétissantes, fais comprendre au vendeur que je suis triste qu’il soit en train de fermer. Ce dernier amusé par mes talents de mime, nous rouvre ses portes exceptionnellement ! Ah, ah, ils sont chouettes ces argentins ! Euphoriques, nous dégustons donc nos glaces à l’extérieur du magasin, lorsqu’une autre personne arrive et salive devant notre dessert. Tout le monde n’aura pas notre chance…
Nous profitons encore un peu de ces instants passés en charmante compagnie, puis vient le moment du « au revoir »… snif ! Nos routes se séparent de nouveaux, mais personne ne sait pour combien de temps cette fois-ci…
Après le départ de Simon et David, cet au revoir avec Luciana et German nous ramène à la dure réalité : notre périple de 13 mois s’achève… On reparcourt le fil de nos aventures en n’en revenant pas que ce soit passé si vite : demain c’est notre grand retour en France…