préparation d'un tour du monde, suivi du voyage de Perrine et Yann
Ils les plaquent contre le mur en les menacent avec de grands couteaux. Tout est allé extrêmement vite, et je n’ai pas beaucoup de temps pour prendre une décision. Je jette un regard rapide autour de moi à la recherche d’une solution et aperçois au coin de la rue un policier de dos. Je l’appelle aussitôt, il se retourne vois la scène et fera fuir les 2 voleurs en dégainant son arme. Ces derniers ont cependant eu le temps de voler le sac à dos de Perrine qui contenait notre matériel (désolé mais ça va être plus dur pour les photos le temps de trouver un autre appareil), notre smartphone, l’unique pull de Perrine... La scène s’est passée en plein jour, et les passants n’ont pas bougé le petit doigt.
La suite de l’histoire a été aussi effrayante. Le policier nous indique le commissariat de police du quartier et nous explique qu’il est assigné à cette rue et n’a pas le droit de s’en éloigner. Nous nous y rendons et après avoir raconté notre histoire à deux ou trois personnes différentes on nous fait signe de s’assoir dans la cour du commissariat. Nous y attendons une quarantaine de minutes au bout desquelles ils nous font signe de monter dans un véhicule avec eux. Nous partons en patrouille vers le lieu de l’agression : les policiers veulent voir les images des caméras de surveillance de la rue (qui ne donneront rien), parler avec le policier qui est intervenu et surtout nous demandent d’identifier les voleurs si nous les apercevons dans la rue. Après une brève entrevue avec leur collègue, ils nous redirigent vers la police touristique et nous y emmènent en voiture. Mais voilà, en chemin un groupe de péruviens sont en train de faire la manche allongés sur le trottoir et lavent les parebrises à un feu tricolore. L’un des policiers descend de la voiture où nous nous trouvons et leur demande une première fois de dégager les lieux. Une femme du groupe se lève et commence à crier et l’insulter. Le deuxième policier sort et leur demande un peu plus fermement de partir puis retourne dans le véhicule. A ce moment les gens dehors crient quelque chose que nous n’avons pas compris. L’un des policiers dit que s’en est trop. Il met le frein à main, et les 2 policiers ressortent du véhicule en nous laissant à l’arrière. Cette fois ça ne rigole plus ils sortent les matraques et se mettent à tabasser l’un des hommes allongé sur le trottoir. Rapidement, la rue se remplie de péruviens qui filment la scène avec leur téléphone portable. Nous ne nous sentons vraiment pas à l’aise ici. Nous pensons même un moment sauter du véhicule et fuir la zone qui ne nous semble absolument plus sûre, mais voilà que la voiture est encerclée par les laveurs de carreaux. Ces instants nous semblent interminables, puis finalement les policiers remontent dans le véhicule et nous déposent devant la police touristique. La fin de journée se résumera à déposer plainte pour vol et agression. Nous n’avons pas envie de passer une minute de plus dans les rues de Lima et abandonnons notre idée de visiter San Cristobal. Nous retournons chez Chad épuisés.
Le lendemain de cet incident nous devons nous rendre dans la même rue où a eu lieu l’agression pour atteindre le terminal de bus. Avec nos gros sacs à dos, difficile de passer inaperçus, l’étiquette de « gringo » nous colle à la peau. Impossible d’être discrets. Nous prenons notre courage à deux mains et reprenons un collectivo puis terminons la fin du trajet à pied mais avec une prudence extrême (voire paranoïaque) en surveillant nos arrières, chaque coin de rues, chaque mouvement ou regards suspects. Lorsque nous atteignons la station et demandons 2 billets pour Nazca, la compagnie nous explique que le prochain bus est dans une heure. Nous restons donc sagement dans le terminal de bus et essayons de nous déstresser un peu. Je m’assois derrière Perrine et guète les moindres faits et gestes des gens autour jusqu’à ce que nous rentrions dans le bus. Tous les passagers sont filmés à l’entrée du bus, les sacs sont étiquetés et fermés dans les soutes, il y a deux chauffeurs, et le véhicule est équipé d’un GPS relié au poste de police pour éviter tout détournement. Le trajet se passe sans encombre, mais à chaque arrêt du bus (feu rouge, stop, bouchon) tous les péruviens se lèvent pour observer ce qu’il se passe par la fenêtre. Lorsqu’on sait qu’entre avril et juin 2015 il y a eu 6 attaques de bus à main armée où tous les passagers se sont fait dépouiller, ce n’est pas tranquillisant. Personne n’a vraiment l’air rassuré. Notre trajet suit la côte ouest du Pérou, nous traversons désert et dunes de sables. La vue sur les Andes est spectaculaire, mais malgré tout le trajet de 8h nous semble interminable. Nous arrivons finalement aux alentours de 17h chez Edgardo notre nouvel hôte pour les quelques jours suivant.