24 au 26 octobre : 

Après un premier bus, deux avions, nous voilà à Delhi pour une petite halte. La décision prise la veille de ne pas y séjourner se voit vite confirmée : des ordures entassées dans la rue, des gens qui dorment au milieu, des mouches partout, des enfants sales et dénudés qui courent sur le trottoir… et on en passe ! Aucun panneau pour trouver l’arrêt de bus, ni aucune indication d’ailleurs ! Parfois les bus ne s’arrêtent même pas : ils ralentissent, le contrôleur crie la destination en hindi, et les gens sautent dedans…incroyable ! Après plusieurs minutes un peu perdus, nous trouvons notre bus. Il nous faudra trois bus successifs pour enfin atteindre la ville d’Agra. Nous sommes partis de Cochin ce matin à 6h, et il est maintenant 22h. Le dernier bus nous a lâché dans un quartier reculé d’Agra pas vraiment des plus recommandable. Mon téléphone sonne, c’est Arif, le couchsurfer que nous devons rencontrer dans cette ville… sauvés !!!

                  La suite est traduite d’un Anglais approximatif avec fort accent indien (ou français d’ailleurs)  :

- Arif : « Ne vous inquiétez pas je viens vous chercher où vous êtes »

- Nous : «  on est 2 et on a chacun un gros sac »

- Arif : « ok pas de problème, j’arrive ». 15 minutes plus tard Arif arrive en moto avec un de ses amis en scooter : « Grimpez je vous emmène »

- Nous : «  pas  de casques ? »

- Arif : « non on est en Inde »

- Nous : « ah oui c’est vrai, bon ben alors… ». Perrine monte derrière Arif, et moi sur le scooter avec son ami. 

 10 minutes plus tard :

- Mon pilote « alors l’inde typique sur un scooter sans freins ça te plait ? 

- « Comment sans freins !!! »

- Mon pilote « oui, regarde » (il freine à fond, rien ne se passe)

- «  C’est encore loin l’arrivée ? »

Un policier nous arrête… pas pour les casques non, ni pour les freins… Il trouve bizarre que des indiens conduisent des blancs à cette heure-ci dans des quartiers populaires. Il conseille fermement à Arif de nous déposer dans des quartiers mieux fréquentés du vieil Agra.

5 minutes plus tard ils nous déposent devant une guest house au pied  du Taj-Mahal, négocie un prix dérisoire et nous laisse là pour la nuit. Il nous dit qu’il nous rejoindra demain matin tôt pour nous faire visiter la ville au petit matin.

Il est 23h30, nous sommes fatigués, mais encore en vie. Nous installons la moustiquaire, puis une petite sieste s’impose. Le lendemain Arif Arrive à  7h45, il sera notre guide pour les 2 jours suivant.

Visite d’Agra :

Ce sont les musulmans qui donnèrent à Agra sa grandeur.  Un empereur Moghol (Babur le conquérant) venu des montagnes afghanes, arrêta sa course sur les rives de la Yamuna, après avoir chassé les sultans de Delhi.  Son petit-fils construira le fort rouge, et le petit-fils de son petit-fils le Taj Mahal (tout le monde a suivi ?). Agra est aujourd’hui une ville immense où l’on se déplace plus volontiers en rickshaws qu’à pied. Les habitants de Delhi l’ont surnommée la 4D City : D comme dirty (sale), D comme dust (poussière), D comme donkey (âne) et D comme doctor (en souvenir d’un hôpital psychiatrique renommé). Les vieux quartiers d’Agra, où nous séjournons, offrent cependant une jolie vue sur le Taj Mahal… bien qu’ici encore le tourisme soit devenu une industrie.

                Il parle très bien anglais, connait par cœur Agra et est très attentionné envers nous. Pour commencer nous nous dirigeons vers le Fort Rouge. C’est un gigantesque fort dont les remparts fabriqués en  grés rouge sont hauts de 21m et long de 2,5km. Du haut de ces derniers, on domine la Yamuna (fleuve qui traverse Agra) et on a une vue imprenable sur le Taj Mahal. La construction de ce fort remonte au 16° siècle, il fut la demeure de 4 générations d’empereurs dont Shah Jahan qui fit édifier le Taj-Mahal en l’hommage de sa défunte épouse Mumtaz Mahal, disparue en donnant naissance à leur 14ème enfant. Shah Jahan passa quant à lui les 8 dernières années de sa vie emprisonné dans ce fort après que son fils lui ai usurpé le pouvoir (sympa la famille !). Une prison aux barreaux dorés : des murs en marbre blancs du Rajasthan enluminés d’inscriptions calligraphiques, de motifs végétaux, et de bandeaux incrustés de pierres polychromes marquetées (typique de l’art Moghol) venant de nombreux pays d’Asie et du moyen orient et une vue imprenable sur le Taj Mahal ! Le fort rouge démontre la puissance des empereurs qui l’ont occupé, contraste étonnant avec l’enfilade de palais de marbre finement sculptés présents dans l’enceinte…difficile de ne pas se perdre dans le dédale de passage, de salles de toutes tailles.

           Le lendemain matin, nous nous levons à l’aurore pour voir le lever de soleil de l’intérieur du Taj-Mahal. C’est un monument grandiose devenu l’emblème de l’Inde à travers le monde. Alors-là, y’a pas à dire, d’un point de vue architectural c’est une merveille… splendide !!!

Le Taj-Mahal n’a pas été créé pour célébrer une ferveur religieuse, ni pour flatter l’orgueil de Shah Jahan, le Taj Mahal est dédié à l’amour, l’amour perdu de cet empereur. La disparition de Mumtaz Mahal sa troisième épouse laissa le cœur du monarque dévasté, il fit donc vœu de construire un monument à sa mémoire qui n’ait pas son pareil au monde. La légende dit que comme aucun architecte du royaume n’était capable de concevoir un projet à la dimension de la douleur de l’empereur, celui-ci aurait fit venir l’architecte perse le plus célèbre et fit tuer sa fiancée. Il lui demanda alors de construire une merveille à l’échelle de sa douleur (que de compassion !). 17 ans plus tard, et avec l’aide de plus de 20 000 ouvriers, le Taj-Mahal était construit. Shah Jahan aurait soit disant utilisé l’argent public pour le construire, bien sûr ça n’a pas plu à tout le monde !

Les architectes qui avaient compris la magie du théâtre, eurent à cœur de dissimuler le mausolée derrière une immense porte de grès rouge, si bien que l’on découvre le Taj Mahal d’un coup, avec tout le suspens d’un rideau qui se lève ! Le spectacle est total : il se dresse là devant nos yeux, colossal et à la fois léger. La blancheur du marbre qui le constitue, donne l’impression qu’il flotte dans la brume matinale ! Un tombeau si beau, et pourtant si fragile : depuis l’assèchement de la rivière Yamuna et l’affaissement de la nappe phréatique, le mausolée commence à se fissurer. Heureusement, l’architecte avait pensé à tout : les 4 minarets entourant le dôme central sont très légèrement inclinés vers l’extérieur, en cas de tremblement de terre ils s’écrouleront dans le sens opposé du tombeau.

Sur le chemin pour la visite suivant on a pris en flagrant délit un petit voleur en train de faire les poches à Perrine ! Nous lui faisons la morale : Screugneugneux… qu’on t’y reprenne plus !!!

Quelques mètres plus loin c’est une moto qu’on essaie de voler juste devant nos yeux !!! Et toi là-bas STOP !!!

La visite suivante nous emmène à découvrir le mausolée d’Itimad-ud-Daulah ou « Baby-Taj ». Sa construction fut ordonnée en 1622 par Nur Jahan, l’épouse persane de l’empereur Jahangir, pour son père le vizir Itimad-ud-Daulah. Si il n’a pas le Gigantisme du Taj-Mahal, ce tombeau reste extrêmement beau et les ornementations particulièrement remarquables.

            Le soir nous rentrons en tuk-tuk à la guest-house. Nous montons à 8 dans ce petit véhicule et zigzaguons entre les vaches, vélos, buffles, voitures, chiens, rickshaws motos, singes, bus, chevaux, chèvres, dromadaires, et autres véhicules motorisés ou non… On commence à s’y faire, on est en Inde ;)