• Buenos Aires et son quartier coloré (La Boca)

    bidonville de buenos aires

     

     

     

    Le 27 octobre, après pas loin de 20 heures de bus nous apercevons ce quartier de brique et de tôle qui nous semble maintenant déjà familier. La gare routière de Buenos Aires n’est plus très loin. Notre grande boucle en Argentine est sur le point d’être bouclée, retour dans « la capitale de tous les argentins », mais cette fois-ci nous y resterons un peu plus pour découvrir ce qu’il se cache dans cette ville immense.

     

     

     

     

    Les retrouvailles de Buenos Aires: 

    On ne vous le cachera pas, on n’est toujours pas très emballés par les visites urbaines, mais ce coup-ci c’est différent : c’est à Joëlle et Etienne que nous rendons visite.

    David, Simon, Yann et Joelle dans un ranchstaurant de la recoleta

     

    Joëlle était ma collègue quand je travaillais à l’hôpital de Pellegrin, je me rappelle les nombreux fous rires et les longues discussions que nous avons pu avoir au travail. Elle est devenue une très bonne amie qu’il me tarde de revoir. Elle a suivie ici Etienne, son mari, expatrié pour son travail à Buenos Aires. Nous passerons ainsi nos trois derniers jours de voyage chez eux.

     

    A notre arrivée en fin d’après-midi, Joëlle nous attend, elle est déjà en train de préparer un excellent diner... ça tombe bien nous avons amené le dessert, une jolie tarte aux fraises. Le lendemain, Etienne travaille, quant à nous la découverte de Buenos Aires nous attend en la compagnie de Joëlle.

     Au premier coup d’œil, Buenos Aires n’a rien à voir avec les autres capitales d’Amérique du Sud : la poussière a laissé place au goudron, le costume traditionnel a disparu, le monde andin y a laissé peu d’influence. Elle ressemble plutôt à une de ces grandes capitales comme on a pu en voir et revoir tout au long de notre voyage : des buildings, des gens pressés, des voitures à la queu leu leu et des labyrinthes autoroutiers. Costar-cravate et chaussures italiennes ou alors blue jeans, sweat shirt et basket… on pourrait se croire en Europe… même les traits des visages que nous croisons semblent peu différents. Pourtant il suffit de gratter un peu pour découvrir les charmes de la capitale argentine.

    9 de julio et obélisque (photo d'isabelle Milonga)

     

    Et c’est Joëlle qui nous permettra d’accéder aux mystères de cette ville qu’elle connait comme sa poche. C’est une passionnée d’art et d’architecture qui se plait à nous raconter l’histoire de la ville au grès des quartiers que nous traversons et des monuments que nous rencontrons pour notre plus grand plaisir. Au fil de ses explications, tout s’éclaire : la majorité des habitants de Buenos Aires, les porteños, (ceux du port) descendent des espagnols puis des italiens débarqués à la fin du XIXème siècle en Argentine à la rencontre de l’el dorado qu’on leur avait promis. Cette immigration encouragée par le gouvernement s’était faite selon le modèle européen (comme l’Angleterre l’avait fait avec l’Australie) : des terres avaient été cédées aux nouveaux venus, et de l’exploitation du territoire, certains avaient amassés d’incroyables richesses. D’autres ayant écho de la nouvelle, fuyant le chômage européen, trouvèrent du travail dans les grandes exploitations agricoles, les chantiers navals ou encore l’industrie. Fiers de leurs origines européennes, ils n’hésitèrent pas à le crier sous tous les toits. Leur modestie souleva ainsi les critiques jalouses des latino-américains déjà présents sur le territoire. Aujourd’hui encore on dit d’eux qu’ils sont « des italiens qui se prennent pour des anglais et qui parlent espagnol ». Pour les porteños, voyager signifie se rendre à Paris, Londres, Rome ou Madrid, et non pas en Patagonie synonyme de terres désertes (là ils n’ont pas tort) ou de sauvagerie. Buenos Aires héberge ainsi 1/3 de la population du pays, et domine sans partage la vie économique, politique et culturelle du pays, elle cumule 75% des richesses du pays. Vous l’avez bien compris, Buenos Aires n’est pas comme le reste de l’Argentine, le débat capitale-province y est devenu aussi courant qu’en France ! Bien loin des capitales sud-américaines.

     

    Joëlle nous propose ainsi de découvrir ce morceau d’histoire au travers de la visite d’un des quartiers populaire mais non moins touristique de la ville : La Boca, surnommé également le quartier coloré.

     

     

     

    Premier jour : Le quartier  de la Boca aussi appelé le quartier coloré

                     Situé au sud de la ville, c’est ici que fut le berceau du prolétariat de Buenos Aires au début du XXème siècle. L’histoire du quartier démarre avec l’abandon d’un bébé qui sera recueilli par une famille pauvre de la Boca. En grandissant, l’enfant devient le célèbre peintre Quinquela Martin (1890-1977). Un jour il demanda à tous les habitants de la Boca de venir peindre les murs de l’école. Le quartier populaire, peuplé de gens travaillant au port, eu recours au système D : chacun vint avec un fond de pot de peinture de couleur différente récupéré sur les chantiers navals … Le résultat fut apprécié de tous, si bien que tous les habitants badigeonnèrent leurs maisons, elles aussi construites à partir de matériaux comme le bois et la tôle ondulée récupérés sur les chantiers de la même manière. Ainsi naquit dans les années trente le style de la Boca, une explosion de couleurs et de gaieté qui fait opposition à la pauvreté du quartier.

    Buenos Aires, une ville haute en couleur

     

    Nous commençons donc notre visite par le musée Benito Quinquela Martin. Il présente une partie des œuvres de l’artiste avec notamment pas mal de peintures représentant la vie du port et notamment la désillusion de tous ces expatriés dont l’immigration massive les contraints à s’entasser dans des quartiers de fortune près des ports et zones industrielles.  On a d’ailleurs de la terrace du musée une vue imprenable sur le port, ses vieux hangars, et ses maisons précaires sur pilotis.

            la révolution industrielle de buenos aires   Buenos Aires, el dorado ou enfer du prolétariat?

     

    Ce quartier vit également la naissance du tango, sous sa forme la plus authentique. Comme une revendication de ses racines artistiques : le pavé se transforme ici en scène de danse. Des danseurs professionnels dans leurs plus beaux apparats, vous tendent le bras dès votre passage pour vous faire participer au spectacle… Courrons, fuyons, il ne manquerait plus qu’ils me demandent une démonstration de ma grâce légendaire ! Les terrasses de restaurants, elles aussi deviennent des scènes improvisées : le public est conquis !

    démonstration de tango à une terrasse de restaurant (La Boca)   tango (La Boca)  

    A deux pas de là, dans « le Caminito », le petit chemin s’est transformé en une galerie de peinture à ciel ouvert. Nous entrons donc dans cette rue musée sous le regard protecteur … du Pape !

    Le pape Argentin (La Boca)

     

    Ici, les toiles d’artistes représentant le quartier ou des danseurs de tango attendent acheteur. Sur les murs des bâtiments anciens, des médaillons peints avec élégance représentent les habitants des lieux: sous leurs faux airs mafieux, on reconnait des familles d’italiens qui représentaient à l’époque la majorité ethnique de la Boca.

    Médaillon peint (La Boca)

    Le reste du quartier consiste en une succession de petits restaurants typiques dont les balcons reçoivent des reproductions en cire des personnages qui ont marqués la société argentine ou d’anciennes maisons dont chaque pièce recevait une famille, aujourd’hui reconverties en magasin de souvenir.

                    les maisons du prolétariat de la Boca  la boca: un quartier populaire

    Enfin, qui dit quartier populaire en Argentine dit football. On ne partira donc pas de la Boca sans une petite visite de son célèbre stadium modestement surnommé « le temple du football mondial » par Diego Maradona.

    le temple du football mondial

     

    Les rues des alentours respirent  de cette passion du ballon rond : les murs se sont vêtus de jaune et de bleu, les boutiques vous fournissent toute la panoplie du bon supporter de football, un sosie de Maradona propose de prendre une photo avec lui, et une avenue des stars du ballon rond a été réalisée en l’honneur des stars emblématiques du pays. Sous des airs hollywoodiens, des étoiles jonchent le pavé, et à l’intérieur les noms et empreintes des joueurs. Certains avaient des pieds tellement grands, qu’il devait leur être difficile de rater le ballon… Malgré le bus de fans tout justes débarqués sur le trottoir, pas de match aujourd’hui, nous n’entendrons donc pas le célébrissime cri marque de fabrique des commentateurs sportifs argentins : le GOOOOOOOOOOOAAAAAAAAAAAAAAl le plus long au monde !

    Maradona au balcon, gare au ballon!

    A la place, c’est le cri de l’estomac de Yann qui entame sa complainte… réagissons vite, direction un restaurant situé le long de la voie ferrée désaffectée qui traverse le quartier. Ici Maradona s’est fait voler la vedette, la star de l’endroit est une saucisse … nous dégustons donc la spécialité locale : le Choripan un « chorizo » dans du « pan », bref un saucipain qui n’a pas volé sa réputation! Avant de partir, nous prenons un petit cours de proverbes argentins… les latins ne manquent décidemment pas d’humour.

    les proverbes du "gran paraiso"

     

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