• Au pied d'un géant de glace: El calafate

    Au pied d'un géant de glace: El calafate

     

     

                     Cette petite bourgade à la particularité d’être au pied de la cordillère des Andes et du lago argentino, un lac constitué par la fonte des glaces provenant du Perito Moreno. C’est ce dernier qui nous a attiré jusqu’à la pointe sud de la Patagonie : le Perito Moreno est le glacier le plus grand d’Amérique du sud et le 3ème plus grand au monde après l’Antarctique et le Groenland. Avec ces 250 km2, le Perito Moreno fait partie des 48 glaciers alimentés par le champ de glace sud de la Patagonie, un véritable continent de glace que partage l’Argentine avec la Chili. Son nom lui vient de l’explorateur Francisco Moreno qui avait étudié la région au XIXe siècle, en hommage à son rôle déterminant dans la défense des terres argentine lors de la délimitions des frontières avec le chili. Simon a décidé de nous rejoindre ici pour nous accompagner dans nos 3 dernières semaines de voyage (et oui déjà la fin, snif L…) et partager cette aventure incroyable de chausser des crampons pour explorer ce géant de glace.

     

     

     

                    Après un vol Bordeaux-Madrid, un vol Madrid-Sao Paulo, un vol Sao Paulo- Buenos Aires puis un vol Buenos Aires - El Calafate et finalement un bus de l’aéroport au terminal terrestre de la ville, nous retrouvons enfin Simon notre camarade de voyage, qui s’est bien donné du mal pour nous rejoindre. L’équipe est enfin au complet : me voilà maintenant entourée de 4 barbus pour partager de belles aventures.

     Nous recevons ainsi Simon, dans le plus grand respect des coutumes locales, en l’invitant à partager un mate accompagné de viennoiseries. Il nous fera passer un message subliminal en nous invitant le lendemain à déguster un vin rouge argentin avec du saucisson et du pain… on est français ou on l’est pas !?! Bref le mate ce n’est pas sa tasse de thé, le terroir l’a remporté !

    le terroir l'a remporté sur le traditionnel mate

     

    Notre première balade dans la ville nous mènera au bord du lago argentino. Ces eaux ont une teinte incroyable, qu’il y ait ou non du soleil, elles sont d’un bleu turquoise laiteux.  Les argentins ont ainsi donné un nom à cette nouvelle couleur dans la palette de l’artiste peintre : le « dulce de glaciar » par référence à une autre spécialité du pays, le dulce de leche (une délicieuse pâte à tartiner de caramel au lait). En effet, une fois que la glace du glacier tassée par des centaines d’années fond, elle transmet sa couleur bleue turquoise et tous les sédiments qu’elle contient au lac et lui donne ainsi cette jolie couleur presque surréaliste.   

    Au pied d'un géant de glace: El calafate

                    Nous apprenons qu’au bord de ce lac des flamants roses ont élu domicile. Mais une fois de plus, les argentins ont voulu transformer en or leur richesse naturelle, ils ont donc créé une réserve naturelle dont le billet d’entrée coûte une petite fortune… Mais nous on est malin, on sait que les oiseaux ça vole, et ça ne reste pas en place (un peu comme nous d’ailleurs ! vous devez vous dire qu’on est de drôles d’oiseaux quand même). Au cours de notre balade au bord du lac, nous tombons ainsi comme prévu sur une colonie de ces échassiers roses ! Je reviendrai plus tard avec Simon, bravant le vent glacial venant de l’antarctique et les sols mouvants (si,si !) pour une séance photo de leurs prises de bec, de leur fouille du sol vaseux et de leur séance d’étirement (et là, on parle en expert !).

    flamants roses

     

     

    Le géant de glace argentin : le Perito Moreno 

                     Le 13 octobre, nos réveils sonnent tôt. Après un bref petit déjeuner, Vincent, David, Simon, Yann et moi sautons  dans le bus qui nous dépose 1h30 plus tard sur les passerelles qui font face au glacier. Devant nous, un bras d’eau du lac Argentino nous sépare d’un front de glace de 5km de long et 70 mètres de haut. En réalité, le glacier est bien plus haut que ça, nous ne voyons que la partie émergée de ce dernier, 100m de mur de glace sont encore sous l’eau.

    Au pied d'un géant de glace: El calafate

                   Le géant de glace qui nous fait face est un des trois seuls glaciers de Patagonie qui n’est pas en régression. C’est le plus impressionnant de la région : la glace se forme à 2000m d’altitude  puis descend peu à peu en épousant les reliefs des versants sur 14 km, dessinant des tours, des pics acérés et cassés tout du long qui témoignent de la vie du glacier. La glace apparait sous des teintes bleutées tant elle s’est accumulée au fil des ans et tassée. Parfois quelques notes de marron paraissent : ce sont des moraines, ces blocs de pierres arrachés sur les pans des montagnes et trainés à des kilomètres de leur point d’origine lors du déplacement du glacier. L’eau qui s’écoule en permanence sous la glace contribue au déplacement du glacier à une vitesse de 2m par  jour. Au fur et à mesure de son avancé, le glacier atteint la rive rocheuse de la péninsule de Magellan sur laquelle on se trouve. L’écoulement des eaux dans le glacier qui ne trouvent plus d’issue, et l’augmentation de pression des eaux du lac sur le mur de glace et sur le fond du glacier aboutissent à l’effondrement du front. Pas besoin de tendre l’oreille, le glacier nous signale qu’il est bien vivant : il s’annonce comme grand maître des lieux. Du  gigantisme du lieu se dégage une beauté sauvage. Alors que nous parcourons les différentes passerelles en s’émerveillant du paysage, des bruits sourds et puissants retentissent. Ce sont les grincements, grondements, craquements du glacier en mouvement. Nous avançons sans détourner du regard le glacier, pour ne pas rater le clou du spectacle : un pan de glace qui cède et tombe à l’eau dans un vacarme impressionnant. La glace tombée forme alors un petit iceberg qui part à la dérive le long du lago Argentino.

     

    Au pied d'un géant de glace: El calafate

     

     

    Cramponnez-vous, l’aventure commence :

     

                    Après presque 2 heures de balade sur les passerelles, nous prenons conscience des forces qui se dégagent d’un si grand géant de glace. Mais tout cela n’était qu’un avant-gout de ce qui nous attend, l’aventure ne fait que commencer puisque nous avons pris rendez-vous avec le Perito Moreno. Nous embarquons sur un petit bateau qui traverse le lac en évitant les icebergs récemment apparu après l’effondrement d’un pan de glace.

    sortie bâteau pour s'approcher du Perito Moreno

     

                   En une vingtaine de minutes, il nous dépose sur une fine langue de terre à quelques mètres du glacier. On se sent alors tout petit au pied de ce géant… Impressionnés par la spectaculaire dame nature, la peur laisse vite place à l’excitation. Yann se sent pousser des ailes. Il nous tarde maintenant de commencer la randonnée sur glace.

    Au pied d'un géant de glace: El calafate

     

                    Nous équipons alors des crampons et partons explorer le Perito Moreno de plus près. Nous n’avons pas été encordés car il n’y a pas de neige pouvant masquer les failles, crevasses et moulins dans lesquels on aurait pu tomber. 

    cramponnons nous, c'est l'heure de notre rendez-vous avec le glacier

                    C’est absolument spectaculaire, nous marchons sur ce monde de glace, longeons des fissures, enjambons des crevasses, observons de petites rivières s’écouler puis disparaître dans les failles.

    Vincent au bord du gouffre...

                    Nous nous arrêtons au pied de lagunes où l’eau de fonte de glace s’est accumulée. Le bassin est effervescent : au contact de l’eau, la glace fond et libère des bulles de gaz qu’elle avait emprisonné plusieurs années à plusieurs siècles auparavant…c’est incroyable ! L’eau est d’une limpidité extraordinaire et prend au contact de la glace et de la lumière des reflets bleutés. Un peu plus loin, c’est un trou gigantesque qu’il faudra contourner. Notre guide nous explique que ce matin, ce trou était rempli d’eau. Nous sommes dans un environnement en perpétuel changement : l’avancée du glacier, le réchauffement de la glace au cours de la journée et l’érosion font que l’eau a finalement réussi à se frayer un passage pour s’écouler plus en contrebas. Par endroit, la glace ressemble à un gruyère : elle est perforée de trous remplis d’eau qui donneront à force d’érosion de nouvelles lagunes.

    lagunes, fissures et autres traces d'érosion sur le perito moreno

                    Nous faisons une autre pause au pied d’un sérac : un gigantesque bloc de glace formé par la fracturation du glacier. Cette tour de glace qui nous surplombe est impressionnante. Là encore, notre guide nous donne plus d’explication : ces zones sont les plus dangereuses pour les alpinistes car en plus d’être difficiles à franchir, ces tours peuvent s’effondrer à tout moment. A ce moment-là, le glacier gronde et craque sous nos pieds nous rappelant que même si l’instant semble magique, nous ne sommes pas les maîtres ici. Nous entendons l’eau s’écouler comme un torrent sans ne pouvoir apercevoir quoi que ce soit… euh, et si on ne restait pas là ? Nos guides ne semblent pas très rassurés, mais tentent de ne rien laisser paraître… « Venez par-là, le paysage est bien plus beau ! ». Nous les suivons sagement, comprenant bien qu’ils essayent de faire diversion. Sans ces 2 guides qui adaptent nos déplacements aux mouvements du glacier, l’excursion pourrait se révéler beaucoup plus périlleuse.

    un glacier c'est beau, mais ça fait un peu peur quand même!

     

                    Malheureusement, notre petite randonnée cramponnée  arrive à sa fin. Mais avant de quitter le groupe, une petite surprise nous attend : un verre de whisky on the rock … avec des glaçons vieux de 400 ans prélevés directement à la source à l’aide d’un piolet. Je m’en rappellerai longtemps de ce wiki… mais ce n’est pas parce qu’il était bon … enfin tout le monde n’était pas du même avis… Vincent en a repris un deuxième, pour se réchauffer bien sûr !

    whisky on the rock

     

                    Le soir nous regagnons notre hôtel en longeant le lago Argentino et ses couleurs spectaculaires et nous offrons le luxe d’un petit asado patagonico dans un restaurant. Cette spécialité locale est de l’agneau de Patagonie et du bœuf cuit longtemps et très haut sur le Barbecue. Un vrai délice !!!

    agneau patagonico

     

     

    Le surlendemain notre chemin se séparera de celui de Vincent, nous nous dirigerons vers Ushuaia alors qu’il part en croisière remonter les fjords de la Patagonie Chilienne. Le bus n’est pas le plus pratique qu’il soit : il part à 3h du matin pour arriver à 20h30 dans la ville la plus Australe. Allez, c’est encore parti pour quelques heures de bus !

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