• Rendez-vous en terre Mapuche (Villarrica et Pucon)

     

    une sculpture de Mapuche devant une ruka

     

                   Nous avons entendu parler d’un volcan actif en plein milieu du Chili. On dit qu’en ce moment son sommet incandescent projette une gerbe rouge particulièrement visible la nuit et un beau panache de fumée. C’est avec cette image dans la tête que de retour de l’île de Pâques, le 24 septembre, nous prenons le soir même un bus de nuit pour Villarrica. Cette petite ville est séparée du volcan Villarrica par un grand lac. Nous trouvons un hébergement pour les trois jours à venir en espérant que le ciel se dégage et que nous puissions apercevoir la montagne en  feu.

     

     

     

     

                 Manque de bol, le plafond de nuages est très bas et ne faiblit pas. Alors que nous sommes au pied d’un volcan qui culmine à 2847 m, nous n’en apercevrons même pas son ombre. Ce dernier est un des plus actifs de tout le Chili et fait partie des trois plus grands stratovolcans de la chaîne andine. Chaque jour il crache fumées, cendres et laves et est, comme tous les volcans à forte activité, sous étroite et perpétuelle surveillance. Sa dernière grande explosion, en 1971, ouvrit une fissure de 4 km de large d’où jaillirent 30 millions de mètres de cubes de lave. Le 2 mars 2015 une nouvelle explosion nécessite l’évacuation de plus de 3 000 personnes. Nous ne verrons rien de tout ça, quoi que le niveau d’alerte de la ville soit resté orange tout au long de notre séjour ici. Un matin, nous entendons l’alarme de la ville sonner deux fois. Pas de panique, il s’agit uniquement d’une manifestation de faible envergure du genre : petite coulée de lave, faible explosion ou secousse sismique d’après les panneaux préventifs. Tant que l’alarme ne sonne pas cinq fois, pas besoins d’évacuer nous explique-t-on. On est rassurés, mais une chose est sûre : jamais on n’habitera au pied d’un volcan !

    c'est par où la sortie?   les niveaux d'alerte du volcan

     

    Faute de volcan à admirer, nous nous rabattons sur la ville où nous tombons nez à nez avec un vieil indien chantant des chansons traditionnelles, accompagné de son étrange instrument à vent. Cet homme est issu de la communauté Mapuche.

     

    Les Mapuches:

    Les Mapuches, « peuples de la terre » en mapudungun (langue officielle des Mapuches), sont les  communautés aborigènes de la zone centre-sud du Chili et de l’Argentine. En 2002, ils représentent 4% de la population chilienne, soit un peu plus de 600 000 personnes vivant principalement dans des zones rurales.

                    La musique traditionnelle occupe une place essentielle dans la culture Mapuche (ou du moins de ce qu’il en reste). Elle est principalement religieuse, mais il existe également de nombreuses compositions sur la Terre Mère (Ñuke Mapu). Ils utilisent différents instruments tels que le cultrún (tambour) pour un usage rituel exclusivement, les cascahuillas' (cloches), la pifilca (un sifflet en bois), la trutruca (une tige creuse terminée par une corne), ou encore le torompe (sorte de harpe buccale).

    Démonstration du folklore Mapuche

    Rendez-vous en terre Mapuche (Villarrica et Pucon)    sculpture mapuche

    Autrefois ils vivaient dans des rukas : des cases faites de branches de coirones, des broussailles de Patagonie, parfois enrobées d’une couche de boue. A la campagne, le plancher est généralement en terre battue. Ces habitats traditionnels ont été délaissés et sont maintenant remplacés par des maisons en bois aux toits en tôle, bref ils vivent maintenant comme tout le monde au Chili !

    reconstitution d'une ruka

     

    Leur organisation sociale tournait autour de la famille.  Les familles se regroupaient aussi en rehues (équivalent de tribus) dirigées par un chef militaire. En cas de grandes catastrophes comme des sécheresses, des épidémies, des invasions ennemies, ou tout autre problème qui affectait une grande partie du territoire, de nombreux rehues se réunissaient pour prendre des décisions en commun sous le nom d’un seul homme. Ce fut le cas notamment pour la lutte contre les conquistadors espagnols : les Mapuche furent obligés de former des alliances. Maintenant, fini la polygamie, les familles Mapuche ont adopté le modèle familial chilien et se fondent complètement dans le décor.

     

    Les figures les plus importantes de leur société sont le Machi (chaman) et le Ngenpin (autorités religieuses). Les machis jouent un grand rôle pour soigner les maladies, obtenir de bonnes récoltes, protéger les troupeaux ou faire une pêche fructueuse. Ils connaissent toutes les plantes médicinales, et leurs recettes secrètes commencent à avoir du succès sur les marchés chiliens. Les croyances du peuple Mapuche sont fondées sur le culte des esprits des ancêtres (l'esprit Pillán), et des esprits et/ou éléments de la nature (l'esprit Ngen).

     

    Un peuple de guerriers : 

    Les Mapuche ont une solide réputation de guerriers redoutables depuis l'arrivée des colonisateurs espagnols. Une résistance à l’envahisseur qui dure depuis 5 siècles et racontée à travers toute la région. Cela commença par la capture du conquérant espagnol Valdivia. Ils le tuèrent et pour terrifier l'ennemi, ils se fabriquèrent des flûtes avec les tibias de leurs victimes (comme quoi la musique est super importante pour eux, c’était pas du pipo !). Un autre personnage Mapuche célèbre : le guerrier Galvarino de la bande de Lautaro à qui l’ennemi aurait tranché les deux mains. Malgré tout, il prit son courage à deux mains (ah,ah) et continua à combattre ses adversaires avec héroïsme (ou folie vengeresse) dit-on, avec deux couteaux fixés au bout de ses moignons, semant la terreur chez les espagnols. 

    Ils sont le seul peuple d'Amérique à avoir arrêté la conquête, et tentent toujours actuellement de défendre et protéger leur territoire de « l’envahisseur ».  

    Au XVIe siècle, les Mapuches ou Araucans, organisés en différents groupes, vivent de chasse, de pêche, d’agriculture et d’élevage. Guerriers redoutables, ils ont une extrême habileté dans le maniement de l’arc, du javelot et du casse-tête. Leur culture est de tradition orale et leur conduite sociale et religieuse était régie par l’Admapu (ensemble de traditions ancestrales, de lois et de normes). 

    Ni les Incas ni les Conquistadors ne réussirent à les soumettre. Le célèbre Lautaro, figure de la résistance Mapuche, fut emprisonné par les espagnols. Durant sa réclusion, il apprit les tactiques et la stratégies militaires, puis s’évada. Dès son retour, il partagea avec ses semblables son savoir sur les techniques d’attaques des espagnols, et repoussa ainsi les envahisseurs. Plus tard la rébellion de Pelantaro en 1602, fixa la frontière militaire entre Espagnols et Mapuche au niveau de la rivière Biobío. Dès lors, les Espagnols hésitèrent à se risquer en territoire mapuche. 

    Vers 1880, l'Argentine et le Chili entreprirent des guerres de conquête contre les Indiens (Mapuches et Patagons) qui vivaient au sud du continent dans des régions incontrôlées et difficilement pénétrables. Ces guerres, dont la « conquête du Désert » du général Julio Argentino Roca, qui firent des dizaines de milliers de morts parmi les Indiens, poursuivaient aussi un autre objectif : l'accès aux deux océans. Le Chili voulait s'ouvrir sur l'Atlantique par le sud et l'Argentine sur le Pacifique, là aussi par le sud. Finalement, la frontière fut stabilisée dans sa forme actuelle à la fin du XIXe siècle. 

    Une série de campagnes militaires de conquêtes débouchèrent sur la soumission complète des Mapuche en 1882. Dans la zone argentine, la pacification menée par le futur président argentin Julio Argentino Roca fut également cruelle. 

    Jusqu'à la fin du XIXe siècle, ils réussirent à conserver leurs terres face aux Huincas, les "voleurs", mot qui désigne ceux qui ne sont pas Mapuche. Puis ils furent vaincus, leurs terres confisquées, obligés de vivre dans des réserves. Les Mapuche se sont ensuite peu à peu intégrés à la nation chilienne, même si des foyers de résistance ont poursuivi la lutte armée jusqu'à la fin du XXe siècle. C'est un combat de tous les jours pour essayer de rester sur leurs terres et d'y avoir des droits.  

    Aujourd'hui, les Mapuche refusent les grandes entreprises de pêche, d'élevage de saumon et de mouton, comme Benetton en Argentine. Les grandes plantations d'eucalyptus et de sapins, comme le pin d'Orégon qui pousse ici dix fois plus vite qu'en Amérique du Nord, peuvent faire la fortune des Blancs aux dépens des Mapuche. Ils se battent pour ne pas être expulsés de chez eux au profit de ces grandes entreprises. 

     

    Pucon: 

    Au bout de 3 jours nous décidons de nous rapprocher du volcan en nous rendant à Pucon, de l’autre côté du lac Villarrica, à 15 km du volcan. Malheureusement là aussi la couverture nuageuse ne concédera pas un pouce de ciel bleu. Cette ville fondée il y a plus de 100 ans par des colons européens, principalement allemands, était initialement créée en tant que poste de garde de l’armée afin de protéger les frontières et de participer à la pacification de la zone.

                  Nous avons tout de même essayé de faire quelques petites randonnées dans les alentours pour aller voir des lacs et des cascades. Mais la plupart du temps ça s’est terminé autour d’un bon feu pour se réchauffer, sécher nos vêtements, manger un asado, boire un verre de Pisco et partager nos expériences de voyages.

    los ojos del caburgua  balade en mode siret, dans les forêts

      lac del caburgua et sa vue panoramique sur les mont... nuages!   un oiseau endémique

      soirée asado pisco a villarrica  le duo de choc: pizza panaderia à pucon

                    Nous quittons finalement Pucon 2 jours plus tard pour nous rendre de nouveau en Argentine, à San Martin de los Andes puis Bariloche, dans la région des lacs.

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