• Encarnacion

                   Encarnacion Ce matin est un de ceux qui démarrent bien et où tout semble plus facile  que d’habitude… Quelle sensation agréable ! Equipé de nos sacs à dos, nous marchons le long de la route en direction de la station d’autobus située à environ 3 km. Nous avons prévu d’arriver une petite demi-heure à l’avance le temps d’acheter les billets, trouver le bus et tout le tralala. Mais alors que nous avons parcouru environ 2 km, nous voyons un bus avec une pancarte Encarnacion passer dans la rue. Voyant nos sacs à dos, il s’arrête à notre niveau et nous demande où nous allons. Quel aubaine, nous grimpons et lui annonçons le prix le moins cher que nous avions trouvé en nous renseignant. Il accepte aussitôt, et nous voilà partit pour notre prochaine étape.

     

     

     

            Rencontre avec Evan et Daniel :

                    Le même jour en début d’après-midi nous atteignons Encarnacion. Ici nous sommes attendus par Evan, un jeune couchsurfer de 22 ans qui est en stage dans une entreprise de vente de matériaux pour la construction de bâtiment. Il nous a donné le code wifi d’un casino situé près de chez lui et nous a demandé de lui envoyer un message lorsque nous arrivons. En chemin pour le casino nous le reconnaissons assis derrière un bureau d’une fabrique. Il nous reconnait aussi et sort-nous saluer. Il habite juste en face, sous les toits du hangar de l’entrepôt et prend 10 minutes pour venir nous ouvrir la porte de chez lui.  Nous le retrouverons à 18h30 quand il aura débauché. Le soir arrive, nous avons décidé de cuisiner un petit peu et sommes allé faire quelques courses. Nous préparons une soupe thaïlandaise. Il a l’air d’énormément apprécier et appelle Daniel, un de ces meilleur ami pour qu’il vienne goûter… public conquis !

                    Son ami nous propose alors de nous faire visiter de nuit la ville. Il nous amène en voiture faire un petit tour dans Encarnacion. Nous voyons notamment la cathédrale, le vieux moulin et une place entièrement recouverte de céramique pour célébrer les 400 ans de la ville. Le lendemain nous repartons voir les mêmes endroits de jour et en profitons pour suivre la petite plage d’Encarnacion.

         place des 400 ans    Cathédrale

    Les rives du fleuve qui traverse la ville ont été aménagées de sorte qu’on oublie qu’il n’y a pas de mer au Paraguay. De l’autre côté de la rive, au  loin, nous apercevons l’Argentine et la ville de Posada avec ses tours de verres et d’acier qui taquinent les nuages dans le ciel.

      

    Plage d'Encarnacion    Vieux moulin

     

    Les missions jésuites :


                    Le week-end suivant, Daniel est libre, et il nous propose de nous amener en voiture visiter 2 sites archéologiques classés patrimoine de l’humanité : les « reducciones » (regroupements) jésuite de Trinidad et de Jésus.


    Daniel a préparé du tereré tout spécialement pour cette occasion. C’est vrai que les paraguayens ne sortent jamais sans leur thermos de leur fameuse potion magique à base de yerba maté... chaude ou froide il y en a pour tout le monde. La coutume veut que l’on utilise un seul verre et une seule paille (appelée bombilla) pour tout l’assemblée. Chacun à tour de rôle reçoit le verre rempli d’herbe et d’eau fraîche pour le tereré ou d’eau chaude pour le maté. Il en boit le contenu, puis rempli de nouveau le verre avant de le passer à son voisin. Allé c’est parti pour la visite.

    Le maté, une institution !!!

     

    Les « reducciones » sont en fait des missions catholiques construites et gérées par des missionnaires à la demande de la couronne d’Espagne entre le XVIème et le XVIIIème siècle. Leur but officiel était de regrouper les populations indigènes Guaranis vivant dans la forêt tropicale d'Argentine, du Paraguay et du Brésil pour mieux les intégrer au système politico-économique du pays, et dans la partie amazonienne de protéger les autochtones des razzias de chasseurs d’esclaves tout en les évangélisant et les « civilisant ». Les missions ont été construites à la suite de l’allégeance de certains chefs guaranis qui s’étaient placés sous la suzeraineté du Roi d’Espagne afin de ne pas avoir à se soumettre aux « bandeirantes », les esclavagistes portugais du Brésil. La particularité de ces missions était que les Guaranis étaient libres (cependant contraint à une discipline régie par le travail et les rites religieux pluriquotidiens).

     Plus officieusement, la couronne espagnole s’inquiète de la construction de multiples citées indigènes et décrète que les indiens doivent vivre à proximité des colonies de peuplement espagnol dans des villes avec un mode de vie à l’espagnole. Ceci permettant entre autre un système de perception de l’impôt bien plus performant qu’il ne l’aurait été avec des populations dispersées. En échange la couronne doit offrir service et protection aux habitants.  Hormis la protection physique certaine, les Guaranis bénéficiaient des savoirs européens, tant d'un point de vue scientifique, qu'artistique et relativement démocratique. C'est dans le domaine de l'art que ce peuple a excellé comme en témoigne aujourd’hui l’artisanat du pays.

     Quelques sculptures   bête étrange

     

                 Le but des Réductions n'était donc pas seulement d’évangéliser mais suivait également une logique économique et politique d’intégration des Guaranis à l’Espagne.

    Ces missions se sont multipliées de façon exponentielle durant une trentaine d’année jusqu’à recouvrir un territoire aussi grand que la France dont la majeur partie se situait au niveau des frontières actuelles entre le Paraguay, l’Argentine et le Brésil. La zone des missions était au cœur des enjeux géopolitique entre les deux puissances coloniales d’amérique latine : l’Espagne et le Portugal, l’une voulant empiéter sur le territoire de l’autre. Les regroupements représentaient la seule source de richesse de la région en terme de main d’œuvre, les hommes libres sont petit à petit devenu esclaves au compte des colonisateurs de la péninsule ibérique. Le traité de Madrid changera radicalement les relations entre les deux pays colonisateurs et aura un impact sur les regroupements. Les jésuites se font alors expulser sur ordre royal, et le rôle protecteur des colonisateurs sur les guaranis est annihilé. Des campagnes sont alors dirigées depuis l’Espagne pour reconquérir les frontières entre Paraguay et Brésil. La guerre de la triple alliance redessinera définitivement les nouvelles frontières.

    Les regroupements ont tous le même agencement reflétant l’organisation religieuse et la volonté d’éduquer les indigènes. Au centre du village les bâtiments communs : église, collège et ateliers artisanaux, une prison (pour les hommes libres, ah, ah !), une maison pour les veuves et les femmes considérées comme ayant des mœurs peu respectables, ainsi qu’une crypte et un cimetière. Les habitations pour les indigènes sont situées tout autours. Les cases s'inspirent tout d'abord des cases traditionnelles : le corps de la maison s'étirant en longueur pour abriter tous les membres de la famille. Plus tard, lorsque les Guaranis ont accepté le modèle familial monogame, des cloisons ont été ajoutées pour créer des pièces séparées.

     

    Que reste-t-il des missions ?

    Trinitad   Trinitad

                  Le processus de décolonisation a permis aux guaranis de retrouver leur territoire, mais pas longtemps… Malgré la création d’un comité de protection, les populations ont été contraintes à l’exil  et relogées dans des zones de « réserves ». Il existe toujours des communautés de guarani dans la région, mais la pression démographique associée à l’exploitation des forêts a considérablement réduit l’espace vital de ces tribus vivant toujours de la chasse, la pêche et les ressources de la forêt. La dénutrition, et les maladies font des ravages parmi les derniers descendants de ce peuple.

    Jesus   Drôle de statue à Jesus  

                Avant de partir d’Encarnacion pour l’Argentine, nous devons récupérer des pesos. Nous devons nous rendre dans une des banques du centre-ville. Mais ce jour-là, la météo est contre nous et les averses sont régulières et très fortes. Voilà à quoi ressemblent les routes en quelques minutes… Nous prendrons donc une petite douche improvisée ! L'entrainement pour les chutes d'Iguazu... ça c'est fait

    Moto wash  Car wash   

     

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