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Ils ont les chapeaux ronds vives les moais
Avec nos trombines d’européens et nos vêtements de randonnée, difficile de s’incruster plus longtemps à la fête, nous poursuivons notre visite de courtoisie aux « ancêtres » de Rapa Nui. Et la visite sera longue, il y en aurait près de 887 sur l’île : des petits, des grands, avec ou sans chapeau, debout ou embrassant la terre…
La nurserie des moais :
Les moai ont été sculptés directement sur les pentes abruptes du volcan Rano Raraku à partir de l’an 800.
Arrivés sur le site, c’est toute une armée de moai sculptés qui nous accueille, parfois encore attachés à leur mère terre. Au fur et à mesure où l’on avance, on ne sait plus où donner de la tête, il y en a partout. Ces statues de pierres sortent de terre tels les arbres d’une forêt. Les rayons du soleil levant venant caresser leur silhouette nous font perdre la tête… la magie du lieu opère. Leur état de conservation est stupéfiant, on a presque l’impression que le chantier s’est arrêté la veille. Quelques œuvres sont restées inachevées, alors que d’autres n’attendaient plus que d’être déplacées. On se demande encore pourquoi les statues des ancêtres furent délaissées. Certains pensent qu’une série de cataclysmes naturels (tsunami, sécheresse) auraient amenés les pascuans à ne plus croire en leurs ancêtres protecteurs. D’autres disent que le chantier aurait pris fin suites aux guerres tribales remettant en question l’autorité de la tribu des Miru auquel était rattaché le culte des ancêtres.
Nous poursuivons notre petite balade vers le sommet du volcan où l’on découvre une terre rouge de fer et un lac recouvert de jonc vert, dont la quiétude est une fois de plus gardée par les ancêtres statufiés.
Mais comment les pascuans ont-ils fait pour les sortir de cette montagne de feu et les conduire sur l’ahu auxquels ils étaient destinés ?
Le mystère du déplacement des moai :
Une fois sculptées, il a fallu transporter ses statues vers la côte, leur faire parcourir jusqu’à 20km pour certaines, et les tourner les yeux vers les terres pour qu’elles accomplissent leur rôle de protection des descendants et de transmission du mana (énergie spirituelle). Le plus grand moai dressé sur l’île mesure 9,80m pour 74 tonnes… et le plus imposant de tous, œuvre inachevée encore emprisonné dans la carrière, mesure 21,60m de long pour 160 tonnes. Un exploit réalisé par les pascuans, alors qu’on leur connaissait peu de moyens technologiques avancés… mais si les égyptiens ont réussi à transporter des blocs immenses sur le Nil et à les empiler en forme de pyramide, ou encore les incas ou les mayas à construire des édifices sacrés gigantesques en encastrant les pierres parfaitement les unes avec les autres, alors tout devient possible ! A moins que les extraterrestres…
L’hypothèse la plus plausible est que les statues étaient placées sur un traineau tracté par des hommes, qui roulait sur des rondins de bois (le traineau, pas les hommes, j’espère que vous avez suivi), la statue étant redressée ensuite sur le site sacré où elle était destinée. La disparition des forêts primitives et du toromiro, une essence rare aujourd’hui sur l’île, en serait la conséquence. Une autre théorie préfère déplacer la statue debout en lui faisant réaliser un mouvement de balancier ou en la faisant pivoter centimètre par centimètre à l’aide de cordes. Il fallait de sacré biscoto ! Heureusement que la tradition orale nous en dit plus à ce sujet : les anciens rapportent que les moai se dirigeaient à pied jusqu’à leur ahu grâce au mana… les doigts dans le nez !
Sous l’œil protecteur du moai :
La tradition orale raconte que le pouvoir des moai se concentrait dans ses yeux. Leur mise en place dans les orbites du moai ne se faisait qu’une fois la statue acheminée et placée sur son ahu. Cet élément permet ainsi de savoir si le moai trouvé au sol avait un jour trouvé la verticalité, il suffit de regarder si ces orbites avaient été dessinées. Le blanc de l’œil était sculpté dans du corail blanc, tandis que l’iris était constitué d’obsidienne. Cette étape cruciale donnait ainsi vie au visage de l’ancêtre représenté. L’œil était pour les Rapa nui le siège du mana, de l’énergie vitale et de la puissance spirituelle de chaque ancêtre au rôle protecteur représenté. Lors de guerres de clans, la tribu vainqueur arrachait les yeux du moai adversaire afin de neutraliser ses pouvoirs. Aujourd’hui, il n’y a plus que le moai Ko Te Riku qui a retrouvé la vue.
Chapeau pour ces moai :
Certains moai portent des chapeaux ronds de couleur rouge : le pukao. Certains disent qu’il s’agit plutôt des cheveux de l’ancêtre divinisé coiffés en chignon, les chefs de clan à l’époque se teignant les cheveux en rouge avec de la terre. Dans tous les cas, les pukao étaient taillés grossièrement dans la carrière du volcan Puna Pau et perdaient 1/3 de leur volume à cause des frottements durant leur transport. Ils étaient ensuite définitivement retaillés et sculptés de pétroglyphes sur place, juste avant d’être placés sur la tête du moai. La manière utilisée pour soulever ces blocs d’une dizaine de tonne reste un des mystères de l’île.
La face cachée des moai :
Si tout le monde vous montre depuis des années le visage des moai, il existe une face cachée tout aussi intéressante, mesdames vous allez vite comprendre pourquoi. Voilà un scoup sur ces statues gigantesques : elles avaient des fesses rondelettes et tatouées ! Vérifiez vous-même…
Plus sérieusement : la fesse cachée des moai montre des pétroglyphes plutôt intéressants qui en disent long sur les croyances Rapa Nui. L’homme-oiseau y est sculpté (mais ça c’est une autre histoire).
Un avenir renversant :
Malheureusement, beaucoup de ces statues ne sont jamais arrivées à destination : cassées, abandonnées en chemin ou tout simplement inachevées. Leur sort dépendait du bon vouloir des raz de marée, des guerres de clan ou du chef de l’île le « tangata manu » = l’homme-oiseau satisfait ou non de la représentation de son ancêtre.
Les conflits entre courtes oreilles et longues oreilles n’ont pas épargnées ces statues. En effet, lorsqu’un clan était vaincu, il était coutume de renverser son moai face contre terre pour imposer sa domination. Les yeux de la statue étaient ensuite arrachés.
Quand à celui-ci, il fait sans doute bronzette avec les premiers rayons de soleil du jour.
Ah moins que la raison ne soit toute autre…
« L’île mystérieuse : Rapa NuiL’homme oiseau s’est brulé les ailes sur les pentes du volcan Rano Kau »
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