Les Cameron Highland regroupent des terres un peu reculées, entre Penang et Kuala Lumpur. L’altitude y varie entre 1500 et 2100m, ce qui en fait un lieu un peu plus frais que le reste de la Malaisie et donc un coin vraiment très agréable à visiter. Les environs sont truffés de petits sentiers qui sillonnent la jungle et les montagnes, de quoi ravir les passionnés de la randonnée.

 

 

 

 

 

 

Cette zone doit son nom à  Sir William Cameron qui avait été envoyé en 1885 par le gouvernement colonial pour tenter de cartographier la zone. Lors de son expédition, le British la décrivait comme “une sorte de vortex dans les montagnes, qui au milieu d’une aire sauvage abrite de douces pentes et des plateaux”. 40 ans plus tard, Sir George Maxwell visitait la zone dans le but d’y créer une station climatique collinaire. En 1925, une station d’agriculture expérimentale fut également créée pour tester si la station climatique permettait la production de thé, café, fruits et légumes. Cette même année des plantations de 80 hectares virent le jour sur ces sols fertiles, marquant le début d’une aire agricole dans les camerons highlands. Entre tourisme et agriculture, la machine à gagner de l’argent était lancée…

 

 Nous avons adoré cet endroit et y sommes restés 5 jours à nous balader, parcourant quelques-uns des différents sentiers. Les camerons sont un des rares endroits en Malaisie qui sert d’habitat pour une faune et une flore aussi variée. Il y a plus de 700 espèces de plantes qui poussent là-bas, et le district est aussi renommé pour abriter une grande quantité d’animaux sauvages, oiseaux, reptiles et insecte

             Nous avons commencé par le sentier n°10. Il démarre à Tana Rata, la ville où nous sommes logés, grimpe sur les collines avoisinantes jusqu’à 2000m et offre une superbe vue dégagée sur la jungle environnante. Nous y découvrons une multitude de fleurs différentes (orchidées sauvages, fougères arborescentes… ) et même quelques plantes carnivores (les monkey pitcher ou nepenthes). Cette plante carnivore est le seul genre reconnu comme pouvant capturer de petits vertébrés, des rats ou des oisillons par exemple, ce qui contribua beaucoup à sa popularité !

 

          

          

 

Hormis pour la randonnée, les Cameron highland sont connues pour la population aborigène qu’ils abritent: les Orang Asli. Ce peuple de chasseurs cueilleurs considère les bois comme leur maison. Ils ont, pour la plupart, conservé un mode de vie en lien direct avec la nature profitant de chaque chose qu’elle peut leur apporter. Cependant, ce mode de vie tend à disparaître: certains des Orang Asli, les plus jeunes notamment, partent s’installer dans les villes voisines.

En consultant notre carte, nous constatons qu’un campement de cette tribu se trouve tout près du point de chute de notre randonnée. C’est à une distance de marche raisonnable, nous décidons donc de leur rendre une petite visite de courtoisie. Après 2 heures de marche dans la jungle voilà sur quoi nous sommes tombés :

  

Il ne fait aucun doute que la construction de complexes hoteliers, de restaurants, de boutiques pour les touristes, mais aussi le développemet de l’agriculture aussi déraisonnée quelle soit dégage plus de bénéfice que la conservation de la forêt et de ses habitants. Tout à un prix: le développement de cette aire s’est faite au dépend de l’environnement…une fois de plus! Surpris par cette découverte, de retour au village nous en parlons à un bureau de guide, voilà sa réponse… les glissements de terrains les ont chassés. Il s’agit bien évidemment de la version officielle des choses… Version officieuse : sous l’injonction de promoteurs immobiliers qui ont flairé le potentiel touristique du coin, la forêt a été rasée, les sols sont devenus instables, et il y a eu des glissements de terrain. Conséquence de tout ça : la tribu a préféré déménager…

  

Après la déception qui concluait la randonnée précédente, nous nous attaquons au sentier n°1. Ce dernier quant à lui chemine dans la forêt de mousse, c’est le lieu qui a inspiré le réalisateur du film Avatar pour la création de son monde. C’est un enchevêtrement de racines et de branches recouvert par un épais tapis de mousse vieux de plusieurs milliers d’années.

                                    

  

C’est une randonnée en mode aventurier : avec de la gadoue partout, et des passages qui se rapprochent de l’escalade, en tout cas, on n’a pas eu le choix que de s’aider des mains. Le sentier est facile à suivre : la végétation est tellement épaisse aux alentours qu’il n’y a pas d’autres possibilités ! Il nous conduit à la découverte d’une forêt tropicale super dense typique des zones intertropicales. En anglais ils appellent ce type de forêt les « rainforest » : rain= pluie et forest= forêt. Ce mot prend tout son sens lors de notre balade. La chaleur et le taux d’humidité est très élevé dans la forêt, au fur et à mesure que la journée avance, celle-ci s’évapore et s’élève jusqu’à créer une couche nuageuse. Les nuages prennent alors de l’altitude et se refroidissent, au contact de l’air plus froid l’humidité se condense et pimpatapam : la pluie est partie pour quelques heures ! Les forêts tropicales sont en effet caractérisées par de hauts niveaux de précipitations : entre 250 et 450 cm par an (parfois 1000cm) et la mousson joue un rôle important dans l’équilibre de cet écosystème. Ce sera comme ça toutes les après-midi, en conclusion : la randonnée appartient à ceux qui se lèvent tôt le matin !

 

Leur sol est souvent très pauvre. En raison de la chaleur, de l’humidité et de la faible pénétration de la lumière, il y a un développement rapide des bactéries empêchant l’accumulation trop importante de l’humus. La plupart des arbres ont des racines proches de la surface en raison de l’insuffisance de nutriments en profondeur. La plupart des minéraux utilisés par les arbres proviennent donc de la litière issue des feuilles et des animaux morts en surface. Ce mécanisme utilisé à l’origine par les arbres pour se nourrir s’est avéré très utile lorsqu’il nous a fallu passer des talus et des pentes raides : les racines constituant des prises idéales ou des barreaux d’échelle !

 

Cette randonnée termine après quelques heures de marche sur un point de vue duquel on domine les plantations de thé. Nous y sommes attendus par César le bouc qui veille aux grains.

 

   

 

Nous randonnons sur deux circuits supplémentaires (le 4 et le 9)  qui nous amènent auprès de cascades.

   

Les enjeux de la forêt tropicale :

            Les forêts tropicales sont encore appelées « le joyau de la Terre » et la plus « grande pharmacie au monde » parce que plus d’une plante médicinale sur quatre a été découverte dans ce genre d’environnement. Avis aux connaisseurs, dans la forêt on peut trouver de quoi réaliser les traitements contre la fièvre, les brûlures, les problèmes gastro-intestinaux, les problèmes respiratoires, la douleur, des désinfectants pour les blessures, des traitements contre les mycoses…

            Entre 40 et 75% des espèces seraient originaires de ces forêts, et plus d’un million d’espèces végétales, d’insectes et de micro-organismes seraient encore non découverts. Elles sont aussi responsables de 28% du renouvellement de l’oxygène sur Terre (la plus grande partie étant issue des océans).

            La surface couverte par de la forêt tropicale a fortement diminuée depuis le 20^ème siècle, en raison d’une exploitation intensive du bois et une défriche des terrains pour l’agriculture.

           Dans les Camerons highland, les serres ont foisonnées offrant un triste spectacle de kilomètres de plastiques tendus entre deux vallées. En 50 ans, un quart des espèces auraient disparues privées de leur habitat naturel. La destruction des forêts et des collines y est devenue un problème majeur : la qualité des eaux s’est détériorée du fait de l’utilisation d’engrais et de pesticides et le risque d’érosion des sols et de glissements de terrains ont nettement augmentés dans la dernière décennie en lien avec la déforestation.

           Selon les organismes en charge de la protection des forêts tropicales, la raison la plus importante de déforestation en asie du sud est est l’expansion des plantation des palmiers pour la fabrication de l’huile de palme et de bio carburants. L’indonésie et la malaisie à elles seules produisent 85% de l’huile de palme mondiale… Mangeur de nutella, abstenez-vous!

           Cet environnement nécessite de toute urgence la plus grande attention pour préserver la biodiversité et la sécurité des populations qu’il abrite. Malgré la création d’association pour préserver les forêts tropicales, replanter des arbres… il semblerait que le message ne soit pas très bien entendu. Les Cameron highland sont victimes de leur succès !