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Les temples d’Angkor
Le 8 janvier au petit matin nous enfourchons nos vélo et pédalons jusqu’aux temples d’Angkor pour observer le lever de soleil sur cette mystérieuse cité. Les devaraja (dieux-rois) d’Angkor furent d’infatigables bâtisseurs : voulant affirmer leur gloire aux yeux de tous, chacun tenta de surpasser ses prédécesseurs par l’édification de sanctuaires de taille, d’ampleur et de beauté inégalée. Chacun se devait d’édifier un temple pour son dieu protecteur, puis d’autres pour chacun de ses ancêtres et enfin un autre en son effigie afin de se déifier et de consolider son pouvoir. C’est ainsi que son apparus des centaines de temples dans la cité d’Angkor, modifiés ou détruits au fil du temps par les différentes phases de conquêtes qui marquèrent l’Empire khmère de 802 à 1432. Les maisons, bâtiments publics et palais construits en bois ont depuis longtemps disparus, seuls les édifices religieux construits en pierre ont pu traverser les temps jusqu’à nous et témoigner de cette période.
ANGKOR VAT :
Angkor Vat est l’âme et le cœur de la civilisation khmère, emblème national, il est une source de fierté nationale pour les Cambodgiens et est le plus grand site religieux de la planète. C’est le seul temple à être resté en activité depuis sa construction, il n’a donc jamais été abandonné aux forces de la nature et est le mieux conservé de tous les temples. Il est 5h30, à peine arrivés devant l’un des bassins d’eau de la cité, à une centaine de mètre du temple, la lumière rasante du petit matin colore les nuages et rend ce moment magique.
Cet édifice construit par Suryavarman II au début du XIIe siècle en l’honneur de Vishnou serait en fait une représentation des quatre âges de la pensée hindoue. Le visiteur pénétrant dans Angkor Vat serait ainsi invité à un voyage symbolique dans le temps qui le ramène à la création de l’univers. La tour centrale du temple représenterait le mont Meru, montagne mythique considérée comme la demeure des dieux dans la religion hindoue, les cours inférieures les continents et les douves les océans. Le naga à sept tête serait le pont symbolique entre l’homme et la demeure des dieux. Nous réalisons donc ce voyage parmi une foule de pèlerin, les escaliers pour gravir le mont Meru sont assez raide : une visite aux dieux ça se mérite !
La construction d’Angkor Vat marque l’apogée de la civilisation khmère, cependant quelques signes annonçaient déjà son déclin. La construction du temple avait fait un trou énorme dans les finances du royaume. Le système de baray (réservoirs d’eaux) et de canaux qui irriguaient les terres était surexploité et commençait à s’envaser sous l’effet de la surpopulation de la cité et de la déforestation. Suryavarman II conduisit une campagne désastreuse contre les Vietnamiens au cours de laquelle il fut tué, les cham (un peuple vietnamien annexé par les khmers) en profitèrent pour se soulever et mettre à sac Angkor. Il s’en suivra 4 ans de pillage de la cité, auquel Jayavarman VII mis fin. C’est également lui qui construira les temples d’Angkor Thom et de Ta Prohm selon les idéologies bouddhistes mahayana.
ANGKOR THOM :
Un peu plus tard nous nous dirigeons vers la citée d’Angkor Thom. Dernière capitale de l’empire Khmer, cette citée couvre plus de 10 km2. Elle fut érigée sous le règne de Jayavarman VII après la mise à sac d’Angkor par les Cham. Le souverain ayant décidé que son empire ne serait plus jamais vulnérable, le mur d’enceinte mesure 8 m de haut et plus de 12 km de long et est entouré de douves de 100m de large. Le seul moyen d’entrer dans la cité est d’emprunter une des quatre portes disposées aux points cardinaux. Nous y sommes accueillis par 54 démons et 54 dieux livrant un combat épique pour le barattage de la mer de lait, sous la surveillance du visage géant d’un bodhisattva. Ces statues ont été restaurées par les ateliers écoles des artisans d’Angkor que nous avions visités quelques jours auparavant !
En son centre le temple Bayon compte 54 tours ornées de 216 visages monumentaux du boddhisattva « Avalokiteshvara » (comprenez « seigneur qui observe ») dont la ressemblance avec le souverain serait frappante. Les multiples yeux veillaient sur les sujets jusqu’aux confins du royaume, et répondaient ainsi au désir obsessionnel du souverain de protéger les 54 provinces qui divisaient l’Empire Khmer à cette époque. Où que nous soyons à l’intérieur du temple, nous sommes épiés par ces visages, de face ou de profil… impossible d’échapper à leur vigilance ou à leur surveillance !
TA PROHM :
Nous remontons sur nos vélos et après quelques kilomètres nous nous arrêtons devant Ta Prohm. Construit aux alentours de 1186, ce temple bouddhique est dédié à la mère de Jayavarman VII. C’est pour nous le temple le plus séduisant de cet ensemble. La jungle y a repris ces droits, nous avons l’impression de découvrir ce temple tel que les premiers explorateurs européens l’avaient découvert. Les blocs de grès sont envahis par les mousses et lichens et prennent une teinte verdâtre, les racines des arbres plusieurs fois centenaires descellent les pierres sculptées, et les cours du temple sont envahis par une végétation luxuriante. C’est ici qu’Angelina Joli tourna certaines scènes dans le rôle de Lara Croft pour le célèbre film « Tomb Raider ».
Le soir nous revenons devant Angkor Vat pour profiter de la lumière du crépuscule.
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