Séparée de Buenos Aires par une pampa désertique, Mendoza a longtemps été rattachée à Santiago du chili, elle-même sous la dépendance de la vice royauté de lima. Fondée en 1561 au pied de la cordillère des Andes, Mendoza est aujourd’hui le chai de l’argentine. Capitale du vin du pays, la province assure 70% de la production nationale, dont les ¾ sont destinés à l’exportation. Passer à Mendoza sans faire la route du vin, c’est un peu comme un repas sans viande pour un argentin, ou un jour sans empenadas pour David … c’est incontournable. Direction Maipu, aux portes de la ville, pour la visite de quelques bodegas et d’une usine d’huile d’olive.

 Un petit air méditerranéen près des andes:

             Les migrants européens du XIXème siècle ont ramené dans leurs valises pas mal de nos produits méditerranéens dont les olives, le vinaigre balsamique et les tomates provençales.  

Nous commençons par la visite de l’oliveraie, scoup du jour pour certains… les olives noires et les olives vertes proviennent du même arbre, c’est juste la différence de maturation qui explique la différence de couleur.  Puis direction l’usine d’huile d’olive. Notre guide nous montre les reliques des machines servant à extraire le précieux liquide des olives, et nous explique les anciens procédés, puis nous montre les nouvelles machines.  

Il n’y a pas photo : les anciennes méthodes permettaient d’obtenir une huile de meilleure qualité, mais de façon moins rentable qu’avec les nouvelles machines. Les anciennes machines ont donc été mises au musée, et les engins modernes ont pris leur place. Plus besoins de sortir les feuilles des olives, ni de les laver, la machine le fait pour nous. Une fois les olives pressées, le liquide obtenu est chauffé pour obtenir davantage d’huile et séparer l’eau de la partie huileuse. Cette chaleur participe cependant à dégrader la qualité de l’huile obtenue… chose que l’ancien procédé ne faisait pas, dommage !

Direction ensuite l’usine de vinaigre balsamique : ce dernier est fabriqué uniquement à partir du moût du vin qui pendant un an passe dans des fûts de bois différents. Le moût se transforme alors en vinaigre et prend les arômes des différents bois avec lesquels il entre en contact. Plus le temps passé dans les fûts est long et plus le vinaigre sera parfumé et perdra en acidité. Pour les argentins pressés, un autre procédé plus rapide permet d’obtenir en quelques mois un vinaigre ressemblant au balsamique à partir de vinaigre de vin aromatisé et caramélisé… mais c’est tricher !

Pour finir nous passons à la partie la plus agréable de la visite : la dégustation d’olives fraiches, d’huile d’olive et de tomates provençales … nous y ferons honneur.

Les bodegas :

Dès les premières présentations, des noms de cépages plutôt connus résonnent dans nos têtes : Malbec, Cabernet-Sauvignon, Chardonnay… Une explication toute simple à cela : ce sont les migrants européens qui au XIXème siècle ont amenés et planté leurs vignes en Argentine. Les cépages de la région sont donc français, espagnols ou italiens, mais avec une touche argentine liée aux caractéristiques toutes particulières du terroir.

Au premier coup d’œil sur les vignes, une différence saute aux yeux : elles mesurent plus d’1,40m. Les grappes poussent ainsi loin du sol, et à l’abri du soleil sous leur « parasol » de feuilles de vignes. Par cette technique, les grappes seraient d’avantage protégées du soleil brulant des Andes qui aurait tendance à produire trop de sucre dans le raisin. En effet, plus il y a de soleil sur le raisin et plus il y a de sucre, plus il y a de sucre et plus il y a d’alcool. La problématique en argentine est donc de protéger le raisin du soleil (car contrairement à chez nous il y en a tout le temps) pour contrôler le taux d’alcool, car une loi interdit la vente de vin dont le taux d’alcool est supérieur à 15°. A la question que fait-on du vin qui dépasse le taux d’alcool autorisé, Yann trouve une réponse : tout ce qui ne se vend pas se boit… c’est sûrement vrai !

                La région du Cuyo est très aride, et le peu de pluie qui tombe chaque année n’étant pas suffisant, l’irrigation des vignes s’impose. Mais faut-il encore trouver de l’eau, dans une région aride… Les argentins ont trouvés une solution : ils utilisent l’eau qui provient  de la fonte des neiges des sommets andins ! L’eau transite dans des réseaux de canaux jusqu’aux plantations de vignes … nous qui croyons que c’était des fossés, ben non !

Les vins argentins sont différents de chez nous :

Ce sont des vins plus fruités, et plus acides que les vins français. Ils ne font pas tous un passage dans des fûts en bois, certains grandissent dans des piscines dans lesquels on ajoute des petits cubes de bois pour le goût … de quoi faire retourner des générations de vignerons dans leur tombe ! Pour ceux qui ont la chance de passer en fut de chêne d’origine américaine (arôme d’épice) ou française cocorico (arôme chocolatée et vanillée), leur séjour y est limité entre 12 et 24 mois soit environ 2 fois moins de temps que chez nous.

Pour le reste, c’est pareil : on regarde la couleur du vin, on sent son parfum en tentant de reconnaitre des senteurs de fruit, de vanille… sans vraiment y parvenir, puis on déguste, un premier verre de vino, un deuxième verre de vino, un troivième serre ve dino … l’alcool monte vite à la tête, et les larmes de rire coulent autant que le rouge. Nous voilà « entre Mendoza et Cayafate », une expression locale liée au tourisme vinicole qui signifie être saoul.

En sortant de là, on s’est réjoui de ne pas avoir choisi l’option visite des bodegas à vélo… certes c’est plus pittoresque mais après la dégustation de 6 vins différents on était bien contents de se faire ramener en bus …  

On a fait le plein de tanins pour la journée... à votre santé !

 Prochaine destination : Valparaiso au Chili. La route qui nous conduit là-bas traverse les Andes, et passe pas loin de l’Aconcagua (le point le plus haut d’Amérique du Sud). Il a pas mal neigé ces derniers temps, du coup la frontière est fermée. Tant pis, on va devoir rester un peu plus longtemps à Mendoza, et profiter des pancakes du matin, des empenadas du midi, et de la degustation de vin du soir…